Ce mardi 7 juillet fût une journée très chargée. Certains pleuraient durant la cérémonie en hommage à Michael Jackson, d’autres devant les résultats du Bac ou encore devant la cuvette de leurs toilettes. Et d’autres avaient des préoccupations tout autre, à commencer par Xidius qui s’est rendus avec d’autres personnes au Zénith de Paris pour accueillir le seul, grand et unique Trent Reznor pour sa dernière performance dans la capitale (la dernière en France à lieu à Nîmes à la fin du mois) dans le cadre du Wave Goodbye Tour de Nine Inch Nails ! Groupe emblématique et fondamental de ces 20 dernières années, la formation à l’abréviation culte marque sa fin ou du moins du pause pour son créateur qui désire passer à autre chose. Connu pour ses lives monstrueux, notamment l’année dernière avec un Lights in the Sky Tour simplement révolutionnaire en terme de mise en scène live mais réservé au public outre atlantique, Reznor revient une dernière fois avec une tournée qu’il veut simple, directe et brutale. Au moins, on était prévenus…

Après avoir patienté durant une première partie sympa mais pas très appropriée (Mew), la salle fût remplît de fumée à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’enfin, les lumières s’éteignent et que le Zénith plonge dans un noir complet. La scène s’illumina et sortant tout droit d’un nuage de fumée, Trent Reznor arriva devant le micro, acclamée par une foule conquise et prête à en découdre. Et seulement quelques secondes après cette arrivée sobre, Somewhat Damaged commença sa montée crescendo tandis qu’illico presto, la fosse était déchirée par des spectateurs bien décidés à ce que soit le bordel et ce de manière épique ! A peine cette introduction simple mais foutrement efficace terminée, NIN fît comprendre que l’heure n’était pas à la rigolade et qu’on allait en prendre plein la gueule et ceux avec la terrible, c’est le cas de le dire, Terrible Lie, dont les « Hey GOD! » et le refrain étaient hurlés par un public décidément déchainé et qui remuait sacrément, avant d’accélérer le mouvement sur Heresy dont le riff puissant fît exploser les décibels pour finir ce démarrage de bourrin par un March of the Pigs monstrueusement efficace et dont la rythmique martelée n’avait d’égal que le bordel devant la scène. Il était alors temos d’immobiliser quelque peu la foule mais toujours avec un son fort, très fort, ce qui fût accompli sans problème par le duo Reptile & The Becoming, avant d’offrir une belle surprise à la salle parisienne : la très rare I’m Afraid of Americans, à l’origine en duo avec David Bowie. Et comme si il ne faisait pas assez chaud comme ça, le groupe décida de refaire péter les riffs de guitares criards calibrés pour retourner les foules avec à la suite les jouissives Burn & Gave Up, qui offrirent l’occasion une fois de plus aux fans de se déchirer la voix en gueulant les paroles.

Après un tel déferlement de guitares hurlantes et de gros son dans la tronche, le groupe fît une transition tout en douceur et splendide vers un des nombreux chef-d’oeuvres absolus du groupe, La Mer, et sa mélodie au piano très calme et douce, dynamisée ensuite par une batterie soutenue, tout en gardant une sensation très aérienne au final. Un morceau à la composition quasi parfaite et dont la retranscription live l’est tout autant, s’intégrant parfaitement au concert quand bien même on est dans un registre radicalement différent des morceaux précédents. Toujours dans cette veine plus posée, Reznor nous servit par la suite le tout aussi somptueux The Fragile, morceau puissant et malgré tout envoûtant et simplement beau, la encore chanté par un public véritablement connaisseur. Arriva alors Non-Entity, morceau sorti récemment dans la compil NIN|JA 2009 mais datant de longue date et dont le placement dans la set-list se révélait la encore judicieux, introduisant une très grande surprise qui fût aussi agréable qu’inattendue : Gone/Still, morceau instrumental calme et à l’atmosphère si particulière dont seul Reznor est le maître. Le génie du groupe pour les transitions parfaites se manifesta encore une fois en relançant un morceau crescendo, le très bon The Way Out Is Through qui permis ensuite de tout faire péter avec le enragé Wish et le tout aussi furieux Survivalism, dont le refrain semblait presque être aboyé par les musiciens. Reznor commença ensuite un discours expliquant que le petit dernier à avoir rejoint la line-up, le batteur Ilan Rubin (qui est proprement monstrueux, il faut bien le dire), prenait ses 21 ans le jour même. Résonna alors un petit remix débile mais rigolo de Closer tandis que l’homme en question eût non seulement le droit à un beau gâteau finalement claqué sur la tronche par son autre surprise plutôt originale et appréciée du public. Pour des raisons évidentes, on ne peut pas l’illustrer directement mais pour la comprendre, vous irez cliquer ici, et on en parle plus sous peine de se faire taper par le boss d’Absolute Zone ! En tout cas, le bougre avait l’air d’apprécier, comme vous pouvez le voir. Et on le comprend. Et à peine remis de ses émotions et les cheveux pétés de crème fouettée que le voilà reparti sur sa batterie accompagné du groupe pour nous jouer un très bon Physical, qui fût d’ailleurs filmé par le responsable audio-visuel du groupe, Rob Sheridan et dont la vidéo HD arrivera bientôt (et vous la trouverez dans cette même phrase, le temps d’une petite MAJ!)

La fin approchait et elle fût encore une fois somptueuse. Tout d’abord, nouvelle surprise qui combla toutes mes attentes… The Day the World Went Away. Rendue célèbre récemment car utilisée sur la bande annonce du dernier Terminator, cette chanson sublime oscillant entre chant calme et guitare puissante a été magistralement interprétée, dans une performance live empruntant à la version album The Fragile et à la version plus calme et acoustique de l’album Still. Magnifique, tout simplement. Vint alors Hurt, ballade déchirante à l’interprétation parfaite et qui se fît dans un calme quasi religieux sauf si on considère le public accompagnant une fois de plus au chant. Mais comme on allait terminer cette soirée comme on l’avait commencer, le groupe ressorti les crocs progressivement, d’abord pour la assez pop The Hand That Feeds, seule chanson de la soirée tirée de l’album With Teeth, le plus accessible du groupe, mais qui se révéla malgré tout super efficace avant de terminer le tout en beauté par l’incontournable Head Like a Hole, scandée par la foule et dont la fin brutale mis les points sur les i !
Et alors, ce concert globalement? Nine Inch Nails s’apprête à mettre fin à son histoire après avoir marqué au fer rouge la musique dans les années 90 et le génie de son géniteur n’est plus à prouver. Après une performance live énorme mais avec un public absent (merci les Metalleux…) dimanche dernier au Rock Werchter, le groupe a retrouvé son public et à juste retourner totalement le Zénith. Alors certes, il fallait être blindé dans la fosse mais l’ambiance était malgré tout bon enfant et le public ultra réceptif en cas de problème (pour preuve, votre serviteur a fait tomber ses lunettes et tandis qu’il les voyait déjà fracassées, toutes les personnes autour de lui se sont immédiatement écartés pour me laisser les reprendre et se déchaina à nouveau une fois ces dernières à nouveau sur mon nez!). Que ce soit Robin Finck, guitariste emblématique du groupe dans les années 90 qui fît son retour l’année dernière après une escapade chez les Guns’n Roses, Ilan Rubin le petit dernier qui à seulement 21 ans maitrise parfaitement la batterie et sort de chez les Lostprophets pour participer à la fin de NIN ou encore Justin Meldal-Johnson, excellent bassiste qui a notamment collaboré avec Beck, Garbage ou Air, les trois musiciens recrutés par Trent Reznor pour la dernière line-up sont monstrueux et très polyvalents (chacun à changé plusieurs fois d’instruments dans la soirée, le batteur passant par exemple au clavier, le guitariste au xylophone ou le bassiste au clavier lui aussi.). Quand au leader (qui touche lui aussi à plusieurs instruments), sa voix et la qualité de ses interprétations n’a d’égal que son charisme et son humilité. Trent Reznor nous a démontré une fois de plus la magie de son groupe, passant de morceaux ultra violents à de grands passages planants et le tout avec une aisance et une évidence unique tout comme la musique d’un groupe décidément fondateur. La setlist variait et touchait à de nombreux disques, avec son lot de surprises, le groupe était excellentissime, la salle chaude comme la braise et la simplicité de mise en scène (pas d’écran ou de conneries, juste des éclairages dans tous les sens et un peu de fumée parfois) remettait encore plus la musique en valeur. Un concert quasi parfait, dont le seul vrai reproche pourrait être la non présence d’un rappel quand bien même avec seulement 1h45 de show le groupe a tout déchiré. Clairement, avec ce Wave Goodbye Tour, Trent Reznor voulait donner une fin digne à son groupe emblématique. Non seulement il sort par la grande porte, mais montre définitivement que son génie musical et le fruit de son travail depuis 20 ans sont entrés dans la légende. Chapeau l’artiste et surtout…Merci.
Set-list : Somewhat Damaged
Terrible Lie
Heresy
March of the Pigs
Reptile
The Becoming
I’m Afraid of americans
Burn
Gave up
La mer
The Fragile
Non Entity
Gone/Still
The Way Out is Through
Wish
Survivalism
Closer Remix (Anniversaire de Ilan Rubin)
Physical
The Day the World Went Away
Hurt
The Hand That Feeds
Head Like a Hole
Xidius, aux anges.