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31
Déc
11

Bilan 2011 de l’équipe d’Absolute Zone

Les 365 jours de 2011 sont écoulés. Et oui. Il est donc l’heure de jeter un dernier regard à cette année d’une richesse incroyable, autant au niveau culturel que politique. L’occasion pour chaque rédacteur de faire un petit bilan en parlant des choses qui l’ont marqué, aussi bien dans l’actu, au cinéma, à la TV, en BD, en musique, en littérature, en concert ou même un évènement en particulier;

Antoine (Bigorneau)

Actu: Il s’en est passé des choses cette année, et pas des moindres ! Mais pour moi, l’actualité, ou plutôt l’affaire médiatique et tout ce qui en a découlé, la plus importante de l’année est l’affaire DSK. Tout d’abord, l’affaire en elle même a été d’une violence inouïe pour le publique français, très peu habitué au système judiciaire américain, ainsi que pour la vie politique française, qui attendait le socialiste comme le Messie. La nature en elle même de l’affaire, l’accusation d’agression sexuelle sur Nafissatou Diallo, en plus d’être très grave, a soulevé quelques réalités sur le monde politique. Mais surtout, c’est ce traitement et cet engouement populaire pour cette affaire qui m’a le plus choqué. Des journalistes près à ne passer à l’antenne que des heures et des heures d’images vide de sens, à l’affut du moindre scoop, infos ou pet de travers d’un des intervenants, ou faisant des unes à la chaine sans jamais vraiment être de bon gout et, en plus, faisant des scores jamais vus. Ce traitement inédit, presque malsain, de la vie d’un homme publique, a été motivé par la rapidité de circulation de l’information sur le net, poussant les chaines et rédactions à être prêtes à tout pour doubler la toile. Tout ce ramdam a surtout permis une prise de conscience quasi immédiate pour les 3/4 des français, encore dans les choux, de l’honnêteté de la classe dirigeante. Nous n’avons pas encore assez de recule sur cet affaire pour voir ses effets à long terme de cette évènement historique, mais elle reste, pour moi; l’assassinat d’un homme sur le scène politique, la discréditation partielle du monde politique, un traitement inédit d’une affaire rythmé comme une série TV pour captiver l’attention et finalement un reflet assez déconcertant de la société occidentale.

Cinéma: L’année cinéma a été d’une richesse incroyable, créant des bouchons en salle cet été et en cette fin d’année, avec de grands succès à la fois attendus et surprenants (Intouchables, Tintin…). Le film le plus marquant, à mon humble avis, est le dernier film de George Miller, Happy Feet 2. Non, ne zappez pas déjà sur le bilan de Loun, laissez moi finir. A la fois comédie musicale incroyablement dynamique, film d’animation pour enfant d’une drôlerie absolue, quête d’identité avec comme base le rapport père/fils ainsi qu’une recherche constante de notre place dans le monde et véritable œuvre humaniste, Happy Feet 2 est une claque émotionnelle totalement inattendu (les différentes bande annonces laissant penser à une régression par rapport au déjà incroyable premier opus) d’une richesse thématique, scénaristique et de mise en scène incroyable. Le film de l’année.
BD: Beaucoup beaucoup de lecture en 2011, mais très peu qui sortent du lot à vrai dire. Celle qui m’a le plus marqué cette année, elle est récente et je ne l’ai même pas encore finie; c’est Wenesday Comics. Ce projet assez fou, de sortir en format journal 15 pages de BD chaque semaine pendant 12 semaines, une page par histoire, et de ensuite les réunir dans un hardcover übergrand format, a traversé l’Atlantique. Panini a adapté l’ouvrage en France dans une sublime édition en cette fin d’année. Chaque histoire creuse un aspect du personnage en peu de case afin de livrer des aventures intemporelles, la plus part jouant avec le format. Cela permet ainsi une créativité nouvelle pour tes artistes comme Allred (Metamorpho) ou Sook (Kamandi) qui se livre à des expériences graphiques toutes plus sublimes les unes que les autres.

Série TV: A la rentrée 2011 des séries, on faisait la tronche. Les grands networks US se sont cassé la gueule avec des projets pourtant ambitieux (Person of Interest, Terra Nova) et certaines séries ont montré des signes insistants de fatigue (HIMYM, House…). Et pourtant, avec du recule, on remarque tout de même que 2011 aura été marqué par un regain de santé pour les chaines de cables avec de nouvelles séries incroyablement ambitieuses et réussies. On notera, pêle mêle, l’incroyable Game of Thrones (HBO), la passionante The Killing US (AMC), la grande surprise de la réntrée Homeland (Shotime) et le plaisir coupable Suits (USA). Ses séries sont des cultes instantanées et sont immanquables. Chaque série fait entre 10 et 13 épisodes d’1h, alors jetez vous dessus si vous n’avez pas déjà jeté un oeil ! Un petit mot sur deux productions française notable de 2011. Platane d’abord, la cure de desRamzyfication d’Eric Judor a porté ses fruits puisque se série est incroyablement drôle et maline sur le système de production français. Et puis comment ne pas parler du phénomène Bref, le succès surprise de Canal, qui, si elle a définitivement pourri l’utilisation du mot « bref », aura permis de révéler au grand public Kyan et Navo.

Cette année 2011 fut importante pour moi, pleine d’évènements et de changements en tout genre. Et 2012 semble tout aussi passionnante, avec un festival d’Angoulême qui s’annonce grandiose, une mutation historique du marché français des comics avec l’arrivée d’Urban Comics et de nouveaux éditeurs et des films d’or et déjà attendus.

Laetitia (Loun)

Actu: L’évènement 2011 qui restera gravé dans ma mémoire, c’est le tsunami au Japon. Tant de morts, de blessés et surtout la remise en question mondiale de l’utilisation du nucléaire.
Cinéma: Le film de l’année ? Le Discours d’un Roi, de Tom Hooper. Une véritable performance de la part de Colin Firth, et la découverte d’une part de l’histoire trop peu connue et vraiment émouvante.
Livre: Le livre qui m’a le plus marquée cette année est sans aucun doute Hunger Games. Il m’a permis de découvrir l’univers des dystopies, un genre littéraire qui me passionne (comme vous avez pu le constater).
Concert: Le concert de l’année pour moi, c’est celui de Milow. En acoustique, moins de 50 personnes dans la salle… Un vrai moment privilégié !

Série TV: Cette année encore, je vote pour Misfits comme série de l’année ! Malgré le départ de Nathan, la série a su se renouveler et rester drôle du début à la fin ! Fucking Cheerleaders !
Évènement: Mon tout premier FIBD (Festival International de la BD d’Angoulême), qui m’a permis de rencontrer pour la première fois une partie de mes collègues Absolute Zoneurs. Un grand moment d’émotion (petite larme qui coule) et l’occasion de découvrir le monde de la BD, un domaine que je connais encore trop peu à mon goût.

2012 aura finalement été une année de découverte, de changements et de bouleversements, aussi bien dans l’actu que dans ma propre petite vie. Nouvelles études, nouveau boulot, nouvelle rubrique sur Absolute Zone… Un renouveau qui aura fait de 2011 une belle année pour moi, et je l’espère pour vous aussi. Alors je vous souhaite une bonne année faite de films, de mangas, de bouquins, de musique et de BDs. Tant que vous continuez à venir lire mes articles, moi, ça me va !

Clément (Marvel Boy)

Actu: Encore une année bien garnie niveau culturel et actualités ! C’est le moins que l’on puisse dire car il faudra bientôt développer des super-pouvoirs pour arriver à prendre du recul face à la déferlante de nouveautés, qui rime cette année avec qualité. Un point tout d’abord sur ce qui m’a marqué dans les médias cette année : les dix ans des attentats du 11 Septembre. Quand on est aussi jeune que moi, on se souvient de cet évènement marquant qui annonçait tout de suite la couleur en ce début de siècle. Une décennie plus tard, cela reste un tournant majeur dans notre histoire occidentale, de plus que cette année a vu la mort d’Oussama Ben Laden, une vengeance/justice douce-amère à laquelle tout le monde a assisté.
Cinéma: le film qui m’a scotché à mon siège c’est bel et bien Drive, avec la révélation de l’année Ryan Gosling, tout aussi talentueux que son équivalent irlandais Michael Fassbender qui a brillé dans le dernier X-Men, un autre de mes coups de cœur de l’année ciné.
Pour ce qui est de la musique, j’ai particulièrement apprécié la B.O. de Drive avec un titre juste parfait, Nightcall de Kavinsky et celle de 127 Heures, avec la musique toujours très juste de A.R. Rahman et le titre Festival de Sigur Ros.


BD: Étant un grand fan du tisseur en VF, je ne peux que me réjouir du retour aux commandes d’Humberto Ramos en tant que dessinateur de la série régulière The Amazing Spider-Man, c’est l’un des dessinateurs, avec John Romita Jr, qui m’a vite entrainé dans le monde dessiné du monte-en-l’air, dans la série The Spectacular Spider-Man (qui ressort en Deluxe très prochainement chez Panini Comics). Côté scénar, on est aussi à l’aube d’un renouveau, la période One More Day ayant duré trop longtemps et n’étant pas une période très intéressante chez Spidey, tout l’intérêt reposait sur un nouveau départ pour attirer foule de nouveaux lecteurs après l’event Civil War. Désormais, la série retrouve son charme sous la bannière de Big Time, qui s’enchainera avec Spider-Island, qui s’annonce très prometteur.
Série TV: la nouvelle série TV que j’ai eu plaisir à suivre est Borgia, car même si elle subit un scénario un peu faible, les intrigues de Rome sous forme de fresque historique mêlant corruption, sexe et violence ont tout pour me plaire. Et la découvert série qui m’a beaucoup plu cette année fut 30 Rock, la meilleur série humoristique que j’ai jamais regardé, je recommande vivement !

Jon (Pottio)

Votre humble rédacteur vous présente ses meilleurs vœux pour l’année 2012 avec à la clé une réussite professionnelle, familiale et tout ce qui s’ensuit. Ne vous inquiétez pas, au pire il y aura 2013 pour se rattraper. Je vous souhaite de passer un bon réveillon aussi même si je dois avouer que, pour ma part, je n’apprécie guère cet événement (et vous ?).


Quant au fameux bilan sur l’année écoulé, c’est un exercice délicat à faire d’autant que 2011 aura été chargé aussi bien au cinéma (Tintin, Mission Impossible 4, l’exceptionnel Intouchables, l’émouvant The Artist, X-Men : First Class, les déceptions Captain America ou Harry Potter…) qu’en comics (le relaunch de DC et j’en passe) et jeux vidéos (Battlefield 3 vs Call of Duty, Arkham City, L.A. Noire…). S’il fallait en mettre un en avant (je ne voudrais pas être viré par mon boss) je retiendrais donc Intouchables et L.A. Noire. On en a peut être trop fait sur le premier mais il faut saluer les goûts cinématographiques des français, jusque là prêt à suivre les pitreries de Dany Boon. Et le second parce qu’il est bon d’avoir des jeux qui sortent des sentiers battus.

Bon réveillon, bonne année et à l’année prochaine !

Karine (Trumper)

Actu: On m’a demandé de revenir sur une actualité qui m’a marqué cette année. Le seul soucis, c’est que l’actu, c’est pas mon truc. Je ne suis pas vraiment tout ça, et ça ne m’intéresse qu’en surface. Histoire de faire dans l’original, disons que la mort de Steve Jobs est mon actu. Les réactions m’ont surtout beaucoup surprise. Un tel deuil pour cet homme m’a semblé quelque peu disproportionné. Effectivement, il a marqué sa génération par un paquet de trucs cools, mais au final, il n’a tout de même rien inventé lui même. Une icône s’est éteinte, et je ne comprend toujours pas pourquoi c’était une icône. Lourde problématique.
Cinéma: J’aurai très bien pu parler de Drive, mais je me suis dit que j’allais plutôt revenir sur Submarine, qui est un des meilleurs films que j’ai pu voir cette année. Réalisé par Richard Ayoade, le film respire une douce mélancolie teintée d’humour et d’akwardness. Je ne vous cache pas que j’ai toujours eu un goût pour les films indé, et là, entre les très poétiques images et l’excellente musique les accompagnant, je n’ai pu que tomber amoureuse.
BD: Comment ai-je pu rester pendant plus d’une demi heure sans penser à ça. J’ai honte. Une BD marquante. Quelque chose qu’il faut avoir lu cette année. Ou qu’il faudra lire très vite en ce début d’année. Comment ai-je oser ne pas penser tout de suite a Incognito T.2. Brubaker/Phillips. Le duo à la base de toutes mes bds favorites. Un série du tonerre. Des dessins a tomber. Cours, roule, vole, achète, lis.
Série TV: 2 Broke Girls n’est pas la série la plus belle qui soit. Elle n’est pas la mieux réalisée. Pour ça, cette année, il y a eu Pan Am. Le fait est qu’elle est la série que j’ai regardé avec le plus de gourmandise. Fun, rythmée, a base de punch line a toutes les sauces, Kat Dennings et Whitney Cummings ont réussi à me redonner foi en la série comique simple et efficace.


Évènement: Le retour aux sources du cinéma a été assez flagrant je crois. Entre un The Artist excellent et un Hugo Cabret rendant un des plus bel hommage au cinéma de Meliès, le cinéma n’a pas eu honte de remercier le passé en le saluant avec virtuosité. Hazavanicius a particulièrement su mettre sa claque à la grande fan de comédies musicales des années 50 que je suis, et pour ça, je l’en remercie fortement.

Pour conclure l’année, je dirais que c’est une année qui a je le crois été très riche en actualités, en divers événements, mais qui ne m’a que très peu marquée. Une année riche, certes, mais une année très vite oubliée donc. D’excellentes choses que ce soit musicalement, ou cinematographiquement parlant, parmi un ras de marée de médiocrité. Après avoir passé des heures à trouver au moins 10 films qui m’ont sincèrement plu cette année, je me suis rendue compte que les choses de qualité avait été rares mais généralement si bien foutues qu’on en oublie le mauvais.
En attendant 2012 réserve un paquet de bonnes choses m’a t-on dit. J’ai hâte de vérifier ça, et ce, en commençant par découvrir cette histoire de Fille au Tatouage Dragon.

C’est avec une pointe de nostalgie sur cette formidable année que nous démarrons 2012 qui amènera son lot de surprise, on l’espère. On tenait également à vous remercier, tous les lecteurs d’Absolute Zone. Merci de nous lire, d’être présents sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter). C’est pour vous qu’on se démène à chaque article pour vous livrer votre dose d’Absolute Culture. 2011 a vu le site se développer de manière considérable, avec des collaborations toujours plus importantes autours du cinéma et de la bande dessinée ainsi que plein de nouvelles choses, rubriques et interviews. 2012 sera, on le sait d’or et déjà, aussi voir plus riche que cette année 2011 avec des mutations importantes qui, ont l’espère, vous plairont et ramèneront le plus de lecteurs. On vous aime et on veut vous faire plein de poutoux, voilà ! Que le force soit avec vous pour cette année 2012.

Toute l’équipe d’Absolute Zone.

07
Oct
11

Rencontre avec Michel Hazanavicius et Jean Dujardin (The Artist)

C’est à l’occasion de l’avant-première bordelaise que le réalisateur Michel Hazanavicius et l’acteur Jean Dujardin étaient présent pour présenter leur film, The Artist, en salle le 12 Octobre. A la suite du film, dont vous pouvez retrouvez une critique élogieuse, les deux hommes ont répondu aux questions du publique durant près d’une demi heure. Voici l’enregistrement audio de cette rencontre, difficilement retranscrible, et pour cause, les deux troublions n’ont pas arrêter de vanner à tous va. Une rencontre sous le signe de la connerie, de l’anecdote, du fan relou et du clash avec Arianne Masnet, Brad Pitt et Sean Penn. Rien que ça ! (si ça c’est pas de l’annonce racoleuse)

Jean/Michel Bigor

05
Oct
11

Critique: The Artist

2011, année de la toute suprématie de la 3D, devenu globalement un argument de producteur et non plus un choix artistique de mise en scène. Année également du pari fou d’un réalisateur français qui a décidé de revenir au fondement même du cinéma avec un film en noir et blanc muet qui se place dans les années 30, alors que le cinéma subis l’une de ses plus grandes mutations avec l’apparition du son. Ce film, c’est The Artist.

En salle le 12 Octobre 2011. Réalisé par Michel Hazanavicius, avec Jean Dujardin, Bérénice Bejo, John Goodman, James Cromwell…
Hollywood 1927. George Valentin est une vedette du cinéma muet à qui tout sourit. L’arrivée des films parlants va le faire sombrer dans l’oubli. Peppy Miller, jeune figurante, va elle, être propulsée au firmament des stars. Ce film raconte l’histoire de leurs destins croisés, ou comment la célébrité, l’orgueil et l’argent peuvent être autant d’obstacles à leur histoire d’amour.

Ce pari fou, c’est celui de Michel Hazanavicius, le réalisateur le plus classe du monde a qui l’on doit La Classe Américaine ou encore, deux des meilleures comédies françaises récentes, les sacro-saints OSS 117. Connu, et reconnu, pour son talent d’écriture grâce à ses travaux précédemment cités, le voir sur un mélo muet était d’autant plus surprenant que suicidaire. D’autant que le casting a de quoi faire saliver, avec un Jean Dujardin qui, au fil de sa carrière, a montré son talent (le plus souvent devant la caméra de ce même Hazanavicius), ainsi que des gueules du cinéma ricain avec notamment John Goodman et James Cromwell. Le film était alors attendu. Très attendu. D’autant plus par l’auteur de cette critique qui est autant amoureux de Dujardin depuis ses débuts (Un Gras Une Fille, c’était quand même mortel) que d’Hazanavicius («Monde de merde !»). Qu’en est-il alors que ce film ?

Autant y aller cash, avant de rentrer dans les détails, le film est une énorme réussite. Un chef d’oeuvre qui dépasse son statut d’expérience et d’hommage pour devenir une vraie œuvre de cinéma, retournant aux fondements du cinéma pour mieux lui déclarer un amour inconditionnel. On entendait déjà venir les «Hazanavicius fait un travail de copier-coller». Et bien non. Si le réalisateur s’impose des contraintes en enlevant la parole à ses personnages, cela lui permet de se libérer dans sa mise en scène. Le film regorge d’idées de cadres, de mouvements de caméra, tous plus brillants les uns des autres, offrant une lisibilité et une évidence dans ce que veux transmettre le réalisateur à son publique. Ainsi, le réalisateur d’OSS ne se contente pas de rendre hommage au cinéma muet, mais il y apporte de l’eau au moulin en se permettant mouvements de caméra et cadres qui n’étaient pas possibles à l’époque. On regrettera le fait que certaines idées de mise en scène ne sont pas plus exploitées par le réalisateur pour que le film respecte son contrat de film muet. Mais cela n’enlève rien au talent tout simplement incroyable du réalisateur pour exprimer une émotion par un plan, une séquence, l’utilisation d’une musique…

La musique a en effet une importance primordiale puisqu’elle sera la seule chose que captera votre oreille du film. Ludovic Bource, compositeur de talent qui a travaille avec Hazanavicius depuis le début (il est ainsi responsable de la musique des deux OSS, ou du fabuleux générique de nos interviews d’Angoulême 2011 !), signe ici une musique sublime, rentrant parfaitement en symbiose avec l’image pour souligner, mettre en évidence, amener une émotion, une idée. Ainsi, c’est elle qui va apporter le rythme du film, avec des composition plus rapide pour certaines scènes, ou d’autres plus lentes, le tout toujours au service de la mise en scène. La chose est d’autant plus risqué sur ce plan que certains passages, entre deux scènes et deux compositions, laisse place à un silence dans la salle. Chose qui peut être effrayante pour tout réalisateur, et peut très vite devenir gênant, le silence devient ici un moment de flottement, sorte de bulle très agréable reposante et légère, où seule la beauté des images contente le spectateur. Car les images sont d’une beauté incroyable, pas seulement grâce à la mise en scène, mais également grâce à la lumière, incroyablement maitrisé pour un film de 2011, où le noir et blanc est presque plus utilisés. Ce travail de lumière met d’autant plus en valeur les images, ainsi que les acteurs du film.

La transition est toute faite pour parler des personnes devant la caméra. On retrouve ainsi Jean Dujardin dans le rôle principal, George Valentin, plus bankable que jamais depuis son pris d’interprétation masculine au dernier festival de Cannes pour ce film. Il campe ainsi un acteur de cinéma muet vedette qui va s’éprendre d’amour pour une jeune actrice, Peppy Miller, joué par Berenice Bejo, qui va rencontrer un certain succès au permise du cinéma parlant. Ce duo d’acteur, sur qui repose le film, est simplement génial, en symbiose comme peut l’être l’image est la musique. La caractérisation de ses personnages passe autant sur le faciès des personnages que sur la mise en scène et l’utilisation des quelques dialogues écrit du film. En effet, on notera que le personnage de Valentin ne parle que très rarement, pour coller à son rôle de personnage de cinéma muet, tandis que Peppy Miller est une vraie pipelette.
On pouvait s’inquiéter de la capacité d’adaptation de Jean Dujardin au format muet, lui qui a une tchatch et une voix singulière, et qui a souvent le droit à beaucoup de dialogues (de Brice de Nice à OSS en passant par Un Gars, Une Fille et bien d’autres), tout nos doutes disparaissent lors de sa première apparition dans une scène d’ovation hilarante. L’acteur ne tombe pas dans le piège de trop surjoué, et joue parfaitement son double rôle d’acteur populaire (qui pour le coup surjoue) et d’homme à la vie bien morose, montrant encore une fois son talent à jouer toutes les émotions (prouvant que les meilleurs acteurs sont ceux cantonné aux comédies, comme le prêche Alexandre Astier). Un talent extrêmement bien dirigé, qui mérite amplement son prix à Cannes. Le reste du casting est également excellent, notamment grâce à une Berenice qui transpire le vintage et la pinup ou aux deux fabuleux seconds rôles que sont Goodman et Cromwell. Un mot sur un personnage essentiel au film, le chien, Uggy, qui mérite également sa Palme Dog.

Si les personnages sont aussi attachant et touchant, c’est autant grâce au talent des acteurs devant la caméra, du talent de l’homme derrière la caméra que de celui de l’homme qui se trouve derrière la plume qui a écrit ce film. C’est le réalisateur lui même, tout seul contrairement aux OSS, qui signe le scénario. Ce dernier est un modèle d’écriture, car présente avec une simplicité folle les personnages, le tout, sans son art du dialogue ! L’histoire en elle même peut paraitre basique, simple, mais pas pour autant dénué de drame et d’émotion. Elle se veut d’ailleurs plus ou moins simple afin de ne jamais perdre le spectateur, qu’il faut quand même un peu guidé dans cet expérience de cinéma inédite pour une grande partie du publique. Mais le scénario, avec cette histoire simple et claire, va se permettre de dépeindre une époque charnière dans l’histoire du cinéma. Un scénario beaucoup plus riche qu’il n’y parait, d’autant pus admirable quand on prends en compte l’absence totale de dialogue.

Et non, je taris pas d’éloge sur ce film, mais rare sont les œuvres que l’ont attends de manière totalement disproportionné et qui se trouve être bien plus que ce que l’on en attendait. The Artist s’impose donc comme un film qui transcende le genre, ne se contentant pas d’un simple hommage. Une déclaration d’amour au cinéma réalisée par un ensemble de talents, plus fabuleux les uns que les autres, que ce soit devant ou derrière la caméra, pour signer un chef d’œuvre du cinéma, intemporel et universel. Et oui.

(PS: Nous avons eu la chance de rencontrer le réalisateur, Michel Hazanavicius, et l’acteur principal, Jean Dujardin, lors d’une séance de question/réponse après la projection du film à l’UGC de Bordeaux !)




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