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01
Juil
11

Scott Pilgrim Finest Hour

Enfin. Enfin le 6ème tome de Scott Pilgrim arrive. Enfin le final de l’une des séries les plus originales et funs du moment est publié en France. Comme pour les 5 précédents, c’est l’éditeur Milady Graphics qui édite cet épais dernier tome (le tome 1, à côté, fait ridicule). Mais alors, qu’en est-il de ce tant attendu final ? Est-il à la hauteur de la série ? Est-il décevant car trop d’attentes ? Réponses !

Scénarisé et dessiné par Bryan Lee O’Malley. Publié Oni Press.
Ramona est partie, elle a disparu en remerciant Scott pour le bon temps qu’elle a passé avec lui mais c’est finalement une maigre consolation pour le jeune homme qui avait enfin réussi à vivre un semblant de relation stable. Alors grâce à ses parents qui lui ont enfin payé un appartement, Scott tente de vivre. Ce qui signifie être allongé sur son canapé et jouer à la PSP Go tandis que ses amis lui rendent visite. Mais la menace Gideon (le dernier evil-ex de Ramona) pèse toujours au-dessus de la tête de Scott même si on se demande si cela vaut le coup que la lutte se fasse.

Il est bien normal qu’après avoir construit un univers aussi riche, avec des personnages aussi bien développés et attachants, mettre fin à tous cela peut se révéler casse gueule. Surtout quand on peut qualifier la série de « tuerie cosmique », ce qui génère d’autant plus d’attente, avec l’espoir d’avoir un final encore plus grandiose que les 5 tomes déjà publiés. Des attentes démesurées donc, qui ne demandent qu’à être comblées… Et qui le sont. Malgré ce sentiment bizarre de frustration lorsque l’on a fini ce 6ème tome de Scott Pilgrim.

Dans la première partie de ce volume, le scénariste fait une sorte de bilan des relations amoureuses de Pilgrim, devenu dépressif depuis la fin du 5, faisant intervenir Knives, Envy et Kim, à tour de rôle. Ce retour au source pour le personnage lui permet d’avancer, de muri et de faire face à lui même (littéralement). Ce combat métaphorique plutôt intelligent va mettre fin à ce passage au rythme lent (comparé au reste, en tout cas) et va donner le coup d’envoi de l’inévitable dernier combat de Pilgrim face à Gideon, le 7ème evil-ex. Ce passage terriblement maitrisé et juste, pour ce qui est de la description des relations humaines, va donc laisser place à un final se construisant comme le niveau final d’un jeu vidéo, ultra speed en terme narratif.

Une dernière partie ultra généreuse en somme, enchainant les moments de pure comédie, des passages dramatiques et des combats dantesques, totalement wtfesque. Bryan Lee O’Malley connait son public, et multiplie les références complices à Zelda et autres. Le tout apparait comme un pure ride fantasmagorique, tout en restant cohérent avec ce qui a été fait avant et surtout, surtout, en n’oubliant pas la dimension relation humaines/amoureuses de l’histoire. Le tout est d’autant plus percutant que les dessins de O’Malley, toujours aussi cartoon, sont très dynamiques, avec un vrai sens du cadrage (outils de références là aussi) et de la lumière (s’amusant à jouer avec la frustration du lecteur de voir des pages vides).

Je parlais de sentiment de frustration plus haut, et il reste présent pour deux raisons. La première, c’est que ça se termine. C’est con à dire, d’autant plus quand on est parti avec un apriori défavorable sur la série, mais en 6 tomes, on s’est tellement identifié à Scott Pilgrim et sa bande que ce derner tome signe comme un adieu des personnages avec qui on a rit et pleuré (quand même pas)(quoi que…), ce qui est toujours source de tristesse et de frustration. Le final a beau être le plus grandiose du monde (et c’est le cas), ce sentiment reste présent, surtout sur les dernière pages où, sentant la fin, l’envie de tourner la page pour découvrir la suite disparait.

L’autre frustration est d’avoir  vu l’excellent film d’Edgar Wright avant d’avoir lu ce tome. Car si on savait que les deux allaient être différents, certains éléments clés sont les mêmes, et perde un petit peu de leur impact. Une chose dommage, pas très importante, mais qui tue un peu le suspense. Si vous hésitez à voir le film avant de lire ce dernier tome, ne le faites pas !

Finest Hour contient tout ce qu’on aime dans Scott Pilgrim: un rythme d’enfer, des scènes d’actions jouissives et ultra fun, des dessins ultra cartoon et dynamiques, un humour référentiel toujours juste et un discours sur les relations amoureuses bien plus mature que ce que l’on pourrait croire. Et encore une fois, le tout est parfaitement dosé, faisant encore une fois preuve de la maitrise de O’Malley pour ce qui est de la narration. En cela, ce dernier tome de Scott Pilgrim est une réussite totale. Mais la frustration et la tristesse de laisser ces personnages dernière nous prends parfois le dessus et pourrait altérer votre jugement.

Antoine « Bigorneau » Pilgrim.

14
Juin
11

Astonishing X-Men: Surdoués & Invincibles

Avec le très bon film X-Men First Class, qui a relevé le niveau de la franchise, des envies de lectures se sont manifestés. Après avoir vu les mutants sur grand écran, quoi de plus normal que de vouloir revenir à la base, à leurs histoires papiers. Si Panini a mis en avant certaines œuvres, comme X-Men Deadly Genesis (avec le numéro 4 des Grandes Sagas Marvel) ou X-Men Origins (une série de one-shots consacrés aux mutants les plus connus), la série la plus abordable, et la meilleur qualitativement parlant, c’est Astonishing X-Men, de Joss Whedon et John Cassaday.

Alors que Cyclope et Emma Frost, les nouveaux responsables de l’Institut pour Jeunes Surdoués, reforment les X-Men dans le but de mettre leurs superpouvoirs au service de la communauté, la célèbre généticienne Kavita Rao annonce l’existence d’un remède contre le gène mutant. Outre les tensions que cette révélation crée au sein des mutants, les X-men doivent également faire face à d’autres menaces, que ce soit en la personne du extra-terrestre, ou même de propres amis qui vont changer de bord…

Si le titre a été utilisé pour deux autres séries, en 95 et 99, c’est en 2004 que la série Astonishing X-Men, dont on va parler, avec Joss Whedon aux commandes, a été créée. Faisant directement suite au run de Grant Morrison sur la série New X-Men, la série donne une liberté totale à Whedon quand à l’équipe et l’histoire qu’il veut raconter. C’est d’ailleurs ce qui a attiré le scénariste, pouvoir arriver sur une série en prenant plus ou moins en compte la continuité (c’est d’ailleurs encore le principe des séries Astonishing existantes). Le scénariste de Buffy va alors lancer sa série, avec comme base la fin du run de Morrison (la mort de Jean Grey), pour mieux s’écarter de la continuité et faire ce qu’il veut, avec les personnages qu’il veut, en mêlant drame, humour, conflits intergalactiques de grandes envergures, et conflits humains et mutant de plus petites envergures, tout en caractérisant ses personnages à merveilles et livrant des scènes d’actions qui servent l’histoire. Tout un programme.

Cyclope, Wolverine, Emma Frost, Le Fauve et Kitty Pride forment donc cette nouvelle équipe des X-Men, une équipe de super-héros et les dirigeant de l’Institut Xavier qui accueille les jeunes mutants et leurs apprennent comment maitriser leurs pouvoirs. Joss Whedon va utiliser ces deux éléments comme éléments centraux de l’histoire, avec à la fois une tentative de réhabilitation des mutants en les présentant comme des héros, au même titres que les 4 Fantastiques (qui font une apparition dans la série, justement) et également le rapport entre profs et élèves, qui va donner encore plus de responsabilité à l’équipe de Cyclope. Ainsi, le récit va prendre une tout autre dimension, conjuguant grands enjeux (touchant d’autres héros du Marvelverse) et rapports psychologiques entre personnages, le tout étant très bien jaugé. Car c’est là toute la force de ce scénariste, marier de grands évènements aux multiples ramifications, avec des éléments plus terre à terre, simple, ce basant avant tout sur l’humain (ou dans le cas présent, des mutants).

Les X-Men vont être donc confrontés à plusieurs menaces, qui vont entrainer son lot de scènes d’actions. Car la série est très rythmée. Les scènes d’actions sont nombreuses, et toujours bien introduites, avec de multiples enjeux. Des scènes souvent spectaculaires, grâce au dessinateur John Cassaday (on reviendra sur son travail plus tard). Mais la série ne se résume pas à cela, puisque il y a beaucoup de scènes de dialogues, qui développent la psychologie des personnages et amène une touche d’humour à la série. Le tout donne un ensemble homogène, un savant mélange d’action et d’humour, sans négliger l’aspect psychologique des personnages. Car si il y a bien des personnages qui en bavent dans l’univers Marvel, c’est bien les mutants. Il ne faut pas oublier que c’est une minorité, victime de discrimination, et qui possèdent des pouvoirs, pour certains, très handicapants. Ainsi, des personnages comme Le Fauve (dans les premiers épisodes) ou comme Cyclope (dans les derniers) sont très bien développés dans ce sens-là, les mettant face à leurs handicaps. En dehors de cet aspect, les relations entre personnages sont très bien développées par le scénariste. La relation Kitty/Emma qui va être le cœur d’une intrigue, ou même le conflit entre Wolverine et Cyclope au début de la série, montrent l’importance que donne Whedon aux relations entre X-Men, qui peuvent passer du premier au second plan de l’intrigue, et qui témoigne de l’aspect télévisuel de son écriture.

En effet, même en ne connaissant pas le style d’écriture de Joss Whedon (scénariste de Buffy, Firefly, Dollhouse…), on ressent cette structure télévisuelle dans cette BD. On retrouve donc une construction par épisode, avec un équilibre entre dialogue et action, et un cliffhanger toujours bien dosé, mais également une construction par arc de 6 épisodes qui représentent ce que serait une saison. Les 24 épisodes et le Giante Size en guise d’épilogue forme une saga fermée, avec peu de contact avec la continuité Marvel. Ou plutôt, la continuité n’a pas d’effets sur cette saga, Whedon s’y amuse et raconte l’histoire qu’il veut, avec les personnages qu’il veut. Par conséquent, le contraire est vrai, de nombreux éléments de la saga ont été repris dans la continuité (la fin, le Breakworld, le S.W.O.R.D….). Bref, cette série est la série de Whedon, avec son casting et où il y fait ce qu’il veut.

C’est également, bien évidemment, la série de John Cassaday, dessinateur talentueux de cette série, mais aussi de Planetary avec Warren Ellis. Il montre ici, encore une fois, l’étendu de son talent par des pages sublimes, que ce soit des splash-pages ou des planches plus « classiques », avec une narration et un story telling clair. Le plaisir de lecture est là, d’autant plus que les scènes d’action sont dynamiques, avec de bonnes idées de cadrages. Toute la série est réalisée par ce dessinateur, ce qui donne une unité graphique à la série, ce qui est fort appréciable. D’autant plus que c’est le dernier bon travail de ce dessinateur, qui enchaine depuis quelques années les couvertures quelques peu… moches.

Pour conclure, voilà la série parfaite pour découvrir du vrai bon X-Men super-héroïque, avec un mélange parfait entre action, humour et drame, et des planches magnifiques. La série a été publiée dans 2 Marvel Deluxe en France, et réunies dans un Omnibus aux USA.

Astonishing Bigor




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