Posts Tagged ‘Joe Hill

18
Jan
12

Locke & Key – La Couronne des Ombres

Locke & Key fut la grande surprise chez Milady Graphics. Pas vraiment attendu, avec une équipe artistique qui n’était pas très connu, malgré un scénariste partageant du sang avec un grand écrivain (Stephen King), le premier tome avait crée l’évènement, créant alors une attente de la suite. Et la suite, si encore une fois elle n’est pas nulle, restait assez brouillon, malgré une ambition scénaristique et graphique qui faisait plaisir. Ce troisième tome était alors attendu sans vraiment l’être. Et nom de Dieu, quelle erreur !

Scénario de Joe Hill. Dessins de Gabriel Rodriguez. Édité par IDW, publié en français par Milady Graphics. 14,90 €, sortie le 20 Janvier.
Le romancier à succès Joe Hill et le dessinateur prodige Gabriel Rodriguez vous invitent dans un monde de terreurs et de merveilles : Locke & Key. Et si surmonter ses peurs était aussi simple que de tourner une clé dans une serrure ? Les ténèbres se referment sur Keyhouse, le manoir de la famille Locke. Dodge poursuit son insatiable quête des mystérieuses clés de pouvoir et est prêt à tout pour les obtenir. Y compris à torturer ses anciens alliés et à assassiner ses ennemis. Bode, Tyler et Kinsey vont devoir mener seuls un combat désespéré pour leur survie.

Cette troisième mini-série, intitulée en anglais Crown of Shadows, a pour elle de succéder à une seconde mini-série assez brouillonne et confuse en terme de scénario, mélangeant les enjeux et arcs narratifs et perdant de ce fait le lecteur. Et cela, Joe Hill en a visiblement pris conscience puisque la première chose qui frappe à la lecture de cet ouvrage est la lisibilité incroyable des arc narratifs et l’évidence des enjeux. Pour cela, le scénariste décide de débuter sa série en traitant un arc narratif par épisode. Le premier se focalise sur Sam et Dodge, le second sur Kinsey et ses potes et le troisième un peu plus sur Tyler et Bode avant de débuter un mélange des intrigues. En faisant cela, Hill découpe son histoire afin de la rendre plus lisible et compréhensible. Chaque arc narratif avance, apporte avec lui de nouveaux enjeux de manière claire et précise. Cette démarche va, en plus, permettre au scénariste de clarifier la situation afin de se faire rencontrer, par la suite, tous les personnages, arcs narratifs et enjeux dans un final incroyablement maitrisé d’une incroyable cohérence.

D’autant que cette construction, au premier abord spéciale et étrange qui devient finalement incroyablement maligne, va permettre à Joe Hill de multiplier et mélanger les genres. Fantastiques, teenage movie, drame et enfin horreur, le scénariste signe ici une synthèse des genres et des leurs codes avec facilité déconcertante. Hill connait ses modèles et livre une série hybride dans ses influences et ses émotions. Là dessus, Hill se re-concentre encore plus sur son casting de personnages, les faisant avancer petit à petit vers le chemin de la rédemption et d’une vie meilleur pour mieux les replonger la tête la première dans le drame qu’est leur vie. En résulte un espoir continue pour le lecteur, voyant toujours la porte de sortie mais s’en éloignant de plus en plus.
Extrêmement intime sur la caractérisation des personnages, Hill n’en oublie pas le rythme et le «divertissement» de son œuvre, en multipliant les idées brillantes, en rapport aux clés et à leurs pouvoirs, permettant au récit de prendre par moment une dimension épique, sublimé par un dessinateur au sommet de son art.

Gabriel Rodriguez avait surpris tout le monde dans le premier tome de la série, avec des dessins d’une maitrise dans le trait et l’encrage dans un style assez cartoon mélangé à des couleurs ternes et dans les teintes sombres créant une ambiance glauque assez hybride, basculant du drame familiale au fantastique avec une facilité déconcertante. Dans le second tome, le bonhomme ajouté une nouvelle dimension à son dessin, notamment par le biais de la couleur, en nous offrant des planches remplies de couleurs, de plus en plus détaillées et précises, expérimentant son dessin et ses cadrages. Et bien dans le trois, le chilien nous fait un très joli mélange des deux. Etant donné le découpage de Joe Hill, et la différence d’ambiance entre chaque épisode, Rodriguez se met au service de l’histoire en adaptant son dessin, ses cadrages, son rythme et son story-telling au grès des volonté du fils King. Le tout soulignant une cohérence et encore une fois une maitrise de la planche à dessin. Tantôt sobre dans sa mise en page, avec une répétition du découpage sur plusieurs planches simplement mais très efficacement, tantôt grandiose et expérimentale dans sa mise en page et son story telling (l’exemple le plus parfait est une scène clé raconté en plusieurs pleines pages, impressionnantes, sans dialogues, ou uniquement les cadres et les détails de Rodriguez exprime ce qui se passe). Le tout, à l’instar du scénario, est d’une diversité mais d’une cohérence bluffante, livrant alors l’un de ses meilleurs travaux.

Sans allé jusqu’à dire que c’est un chef d’oeuvre, ce troisième tome de Locke & Key est une pure merveille, petite pépite comme l’industrie en possède quelques unes. Après un excellente et surprenant premier tome mais un moyen-bien et (trop) attendu second tome, Joe Hill et Gabriel Rodriguez balance la purée comme jamais avec un troisième tome grandiose et inespéré. La série est à son plus haut niveau, autant espéré qu’elle y reste.

Locke & Key & Bigor

12
Juil
11

Locke & Key – Casse-Tête

Le fiston de Stephen King, Joe Hill, nous avait bien surpris avec le premier tome de Locke & Key, une œuvre puissante, maitrisée, au potentiel de dingue. Le scénariste continue donc son histoire avec ce deuxième tome, censée développer encore plus cet univers fantastique reposant sur le concept des clés…

Scénarisé par Joe Hill et dessiné par Gabriel Rodriguez. Publié chez IDW (US) et Milady Graphics (FR)
Et si surmonter ses peurs était aussi simple que de tourner une clé dans une serrure ?
Après le drame qui a frappé leur famille, Kinsey et Tyler Locke cherchent du réconfort auprès de Dodge, leur nouvel ami. Mais ils sont loin d’imaginer les noirs secrets de son cœur. Pendant ce temps, leur petit frère Bode met la main sur une clé au pouvoir insoupçonnable. Un pouvoir qui pourrait bien leur coûter la vie.

L’une des premières qualités du tome 1 était la surprise. Il n’y avait aucune attente derrière ce titre, et il s’est révélé excellent, avec une maitrise de la narration incroyable et un mélange entre anciens codes du genre et originalité. Une grosse surprise qui, par conséquent, poussa les lecteurs à attendre avec impatience le deuxième tome. Et c’est ici son plus gros défaut.

En effet, Casse-Tête est en soit un bon tome. Le scénario creuse ici l’aspect fantastique de la Keyhouse, là où il était sous-jacent dans le premier tome. La découverte d’une nouvelle clé pousse les jeunes protagonistes à aller plus loin dans l’expérience que proposent les clés. Mais c’est le personnage de Dodge qui marque la présence constante du fantastique dans la vie des personnages. Même si le premier tome de la série nous avait peu à peu plongé dans un monde fantastique, ce changement de ton en surprendra plus d’un. Le récit est peut-être plus ambitieux, mais perd paradoxalement de son impact. La multiplication de personnages et d’enjeux peut perdre le lecteur, comme dans cet épisode final qui se focalise sur la relation entre Dodge et Ellie, mettant de côté la jeune famille Locke, et qui rajoute un élément fantastique pour le moins inattendu, qui chamboule nos connaissances de l’univers de la série.

Une ambition bien différente du premier tome, plus intimiste et plus percutant. Le problème qui se pose ici également, c’est la construction en « mini-série » de la série. Si le premier tome peut se lire tout seul, avec une fin (à peu près) fermée, le second tome (qui réunit la mini-série Locke & Key Head Games) apparait beaucoup trop dépendant de la suite. Donc au niveau de la finalité des enjeux, la lecture des tomes suivants apparait obligatoire. Ce qui est à la fois une qualité comme un défaut.

Mais attention à ne pas juger ce second tome de Locke & Key trop vite: ce second tome reste une très bonne lecture. Joe Hill, le scénariste, fait évoluer ses personnages dans un contexte très particulier, en mettant en contact leur psychologie avec la possibilité qui s’offre à eux. Mais c’est surtout dans la tension qui réside tout au long du récit que Hill montre tout son talent. Introduire (un peu rapidement, il faut dire) le personnage de Dodge comme ami fait peser une menace quasi constante, nous renvoyant constamment notre condition de spectateur, qui sait des choses que les personnages ne savent pas.

Outre les qualités scénaristiques de la série, ce second tome est également très bien dessiné. Gabriel Rodriguez, qui nous avez surpris dans le premier tome par sa maitrise et par son trait cartoon qui, avec les couleurs, donnait un résultat ultra agréable à l’œil mais assez malsain, nous refait le même coup ! Les personnages sont toujours aussi rond et cartoon, avec toujours cette ambiance froide, noir, glauque. Là où Rodriguez nous surprends, c’est lors des « ouvertures de tête », avec des pages ultra riche, avec pleins de détails. Le tout est homogène, maitrisé, et colle parfaitement à l’histoire. Joe Hill et Gabriel Rodriguez se sont bien trouvés.

Locke & Key: Casse-Tête est un second tome bâtard. A la fois réussi dans sa construction, son ambiance et ses graphismes mais quelques peu décevant quant aux attentes qu’il a généré et son ambition, qui le place plus comme un tome d’introduction au suivant plus qu’à une suite du premier. Il faudra lire la suite pour se faire une réelle idée de sa place, et pour voir si elle est à la hauteur de ses ambitions et des attentes.

Bigor & Key

29
Déc
10

Locke & Key – Bienvenue à Lovecraft

Il arrive de ne pas être du tout attiré par une œuvre, quelle qu’elle soit. Et c’était le cas ici avec Locke & Key. La couverture ne m’attirais pas plus que ça, les noms sur la couverture me disais rien et même en feuilletant vite fait, le dessin me disais pas grand chose. Et puis j’ai lu des bonnes critiques, voir même de très bonne. Intrigué, j’ai donc lu ce bouquin. Et il se trouve que j’avais tort, sur toute la ligne. Chronique de cette belle surprise !

Locke & Key: Bienvenue à Lovecraft raconte l’histoire de la famille Locke, composée du père, de sa femme, et de leurs 3 enfants, qui va vivre un terrible drame. Deux jeunes délinquants, élèves dans le lycée où le père de famille travail comme conseiller d’orientation, vont violemment assassiner ce dernier. Par chance, les enfants et leur mère ont réussi à neutraliser les deux jeunes tueurs. Suite à ce tragique évènement, la petite famille va partir habiter à Lovecraft, dans l’ancienne maison du père, appelée Keyhouse, où ils espèrent reconstruire un semblant de vie. Seulement, la maison cache des secrets quelques peu étranges…
Vous l’aurez compris, l’histoire n’est pas très joyeuse, et ne va pas le devenir avec le temps. Le scénariste Joe Hill, fils du non moins célèbre Stephen King, écrit une histoire mêlant habillement drame humain et codes du récit fantastique et horrifique, créant ainsi une ambiance glauque, à la limite du malsain. Le scénariste met en scène ici une famille brisée, en s’intéressant plus particulièrement aux 3 enfants, Tyler, Bode et Kinsey, qu’à leur mère. Tyler et Kinsey, frère et soeur, et aînés des 3, vont, tout au long de l’histoire, évoluer, faire le deuil de la mort de leur père, et ainsi aborder cette nouvelle vie qui s’offre à eux, tandis que c’est sur Bode que va se reposer tous l’aspect découverte de la maison. Etant le plus jeune, et donc le plus inconscient et insouciant, il va allé de découverte en découverte dans cette maison qui va révéler peu à peu quelques uns de ses secrets. Partant donc d’un drame tout ce qu’il y a de plus normal (dans le sens où il n’y aucun éléments fantastique qui rentre en jeu dès le début), l’histoire va petit à petit virer dans le fantastique, justement grâce au jeune Bode, pour au final devenir un mixe parfait des deux, violent et dérangeant. Et c’est cette montée crescendo de l’ambiance et du rythme, parfaitement maitrisée par l’auteur de 20th Century Ghosts, récompensé mainte et mainte fois, qui fait la force de ce comic book.

Mais ce serait oublier une grosse qualité de l’œuvre que d’omettre le travail de Gabriel Rodriguez. Le dessinateur Chilien signe ici des dessins maitrisés, au style à la fois cartoony, dans la forme des visage, mais également assez sombre, avec un joli travail sur les ombres et l’encrage. Des planches maitrisées, avec certains cadrages très réussi et un story telling clair; la partie graphique sublime l’ambiance glauque du récit, grâce également aux couleurs de Jay Fotos, ternes, pâles, froides. Toute fois, même si l’histoire tiens en haleine, et que les dessins sont efficaces, le tout n’a rien de très originale. Sans être un gros défauts, les amoureux du genres ne seront peut-être pas surpris et retrouveront des codes et des ficelles du genres mainte et mainte fois utiliser. D’autant plus que cet introduction à l’univers (il ne faut pas oublier que c’est un premier tome, et non une histoire en one hot) ne creuse pas suffisamment l’aspect fantastique et toutes les possibilités de la maison, du moins à mon gout. Une erreur qui, je l’espère, sera réparé au prochain tome. Au delà de cet couverture qui pourrait en repousser plus d’un (moi le premier), Locke & Key: Bienvenue à Lovecraft n’en reste pas moins une jolie surprise, un très premier tome qui réussi à introduire les personnages, et qui ne donne envie que d’une chose : lire la suite.

Locke & Key: Bienvenue à Lovecraft – scénarisé par Joe Hill et dessiné par Gabriel Rodrigez – publié aux éditions Milady Graphics.

Locke &
Bigor




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