Posts Tagged ‘Garth Ennis

07
Avr
11

Crossed

Le genre post-apocalyptique est très populaire en ce moment. On le voit avec le succès, en BD (créée par Robert Kirkman) et à la télé (adapté par AMC), de Walking Dead. Warren Ellis a également écrit sa propre série post-apo (FreakAngels) et, avec Crossed, c’est le scénariste Garth Ennis (Preacher, Punisher), connu pour sa délicatesse et sa finesse, qui s’attèle à raconter l’histoire d’un groupe de survivant dans un monde qui est sévèrement parti en couille. Chronique de cette série en 10 épisodes (et 2 tomes VF).

Ils sont partout. Hommes, femmes et enfants, tous victimes d’une mystérieuse infection qui change les parents en tueurs et les amants en violeurs. Sans pitié, ils répandent le mal et traquent les derniers membres de notre espèce à l’agonie. Dans une Amérique désolée, un petit groupe de survivants cherche à rejoindre l’Alaska, espérant y trouver le salut. Ils vont découvrir le prix de la survie… et de leur propre humanité.

Ce petit texte que l’on trouve au dos de l’édition française résume assez bien le principe de la série, et surtout la thématique principale qui y sera développée tout au long : l’humanité. En effet, Garth Ennis va, à travers ses personnages et leur lutte pour la survie, questionner sans cesse leur humanité, le bien fondé de leurs actes et de leurs décisions, parfois extrêmes. Si cela semble avoir déjà été abordé, brillamment, par Robert Kirkman dans la série Walking Dead, c’est ici poussé à l’extrême, grâce à une infection pour le moins originale, qui a justement pour conséquence d’enlever toute humanité aux infectés. Le scénariste va alors se donner à cœur joie à décrire des scènes violentes et gores, où l’hémoglobine coule à flot et où le sadisme des infestés met mal à l’aise.

C’est ainsi ce qui fait l’originalité de cet énième histoire de survivants, la nature de l’infection. Une perte d’humanité qui va donner lieu à des êtres dont le plaisir est de souffrir et faire souffrir, aussi bien physiquement que moralement. Car les infectés ne sont pas aussi bêtes que l’on croit, et élaborent parfois des plans assez « intelligents » pour que la souffrance soit plus grande. Ce sont ces monstres auxquels vont faire face notre groupe de survivants. Groupe formé par hasard, dans la vitesse; un sentiment qui se ressent grandement dans l’œuvre tant les personnages sont sans cesse en mouvements et se découvrent les uns des autres tout au long de « l’aventure ». Un groupe qui, du fait d’être confronté à des êtres inhumains, vont parfois le devenir également, dans une autre mesure.
Mais à côté de cette thématique forte et essentiel, Crossed se veut également un road trip à travers des USA dévastés par la violence. Et ce côté là n’est pas le point fort du récit. Le voyage en lui même n’est pas inintéressant mais est clairement un prétexte pour confronter ses hommes et femmes aux infectés. D’autant plus que, niveau personnage, mis à part les deux principaux (qui rappelles très étrangement Michonne et Rick) qui, eux, sont le moteur des questionnements humanistes d’Ennis, les autres paraissent assez bancales et peu intéressants. Pourtant, et étonnement, la seconde partie de la série développe beaucoup plus les seconds rôles (qui sont de moins en moins nombreux au fil des épisodes), les rendant attachant et, par conséquent, crée plus d’impact lors de leur « disparition ». Ennis a déjà été beaucoup plus vénère et malgré un concept qui aurait pu donner quelque chose d’ultra gore, le scénariste n’en fait pas trop. Si le début laissait un peu sur la fin, force est de constater que scénaristiquement, le second tome remonte le niveau.

Graphiquement, la série est assez banale. Là où Walking Dead utilisait le N&B pour souligner son univers déshumanisé, ici les couleurs sont à peine plus sombre, afin d’essayer de recréer ce même sentiment. Le dessin de l’artiste, Jacen Burrows, en lui même est assez efficace, surtout dans toutes les scènes violentes et assez hardcore, malgré les quelques problèmes de proportions. Les productions Avatar Press de Warren Ellis et Juan Jose Ryp ont également cet aspect d’ exagération de la quantité de sang dans le corps humain, mais Burrows est beaucoup moins solide que l’artiste espagnol. Un découpage classique, des dessins en soit pas très beau et des effets dynamiques et gores pas trop mal (malgré un « peu mieux faire »).

Un constat mi figue mi raisin donc pour la série post-apocalyptique de Garth Ennis. D’un côté, un bon traitement du récit post-apo, avec une approche plus frontale que les autres productions récentes et une thématique forte, et de l’autre un intrigue assez peu intéressante, malgré un gros regain d’intérêt dans la deuxième partie, et des dessins pas très beau sans être totalement scandaleux. Le formant une série assez inégale; fort dans son début grâce à son concept, faible dans son développement jusqu’au numéros 6/7, numéros qui amène une dimension émotionnelle au récit qui marche plutôt bien. Globalement une série sympa, sans être transcendante ou franchement indispensable. On attends surtout de voir ce que David Lapham, qui scénarise la suite (sous forme de mini-séries), va faire du concept et de la série.

Crossbigor

(PS: Un petit mot sur l’édition envoyé aux journalistes et blogueurs. Milady a fait de la sortie de ce second tome un évènement en l’envoyant dans une barquette de boucher pleine de sang (faux j’imagine… du moins j’espère…) et d’un couteau (en plastique… du moins j’espère…). Une initiative à relevé et à encouragé. Très peu d’éditeurs font cela et croient autant en leurs série. Chapeau Milady Graphics !)

22
Nov
10

Franken Castle

Je me rends compte que ça fait quand même longtemps que je n’ai pas parlé et chroniquer un comic book. Donc aujourd’hui, on répare cette erreur avec un étonnant ovni venant pourtant de la série d’un personnage Marvel assez connu et qui a vu ses aventures adaptées au cinéma à deux reprises, je veux parler du Marvel Saga 8 sorti ce mois ci, consacré à la saga Franken Castle !

Pour vous mettre directement dans le bain, avant d’attaquer la chronique, un petit résumé de la vie du bonhomme au t-shirt avec une tête de mort ! Crée par Gerry Conway, Ross Andru et John Romita, Sr. dans les pages d’Amazing Spider-Man 129, le Punisher fait sa première apparition en 1974. Frank Castle, ancien mercenaire, voit sa famille assassinée par la pègre, et décide de les venger en éliminant mafias et malfrats des rues de New York. Lors de sa première aparition, il est engagé par le Chacal pour tuer Spider-Man. Mais il se rend compte que le Chacal l’a dupé et s’allie alors avec l’homme araignée. Après d’autres apparitions dans les pages de Spider-Man ou Daredevil, il va enfin avoir le droit à une mini-série en 1985, puis à une série régulière en 87 qui fera des bébés comme Punisher War Journal et Punisher War Zone (qui va donner son titre au film sorti en 2008). Après une série estampillé 2099, se déroulant donc dans la continuité 2099, ainsi qu’une autre série régulière, dont une qui fera à peine 18 épisodes, c’est Garth Ennis qui va donner ses lettres de noblesses au héros. Il commence en 1995 où il réalise avec Dougie Braithwithe le one-shot The Punisher Kills the Marvel Universe. Il lancera et écrira aussi une grande partie des épisodes de la série Marvel Knight: Punisher (ou le volume 6 de la série) avec le dessinateur Steve Dillon. D’ailleurs, tous ces épisodes sont compilés dans un Marvel Omnibus qui vient tout juste de sortir en France.

Il va ensuite réécrire les origines du personnages dans la mini-série Born, puis entamer dans la gamme MAX, une série un peu hors continuité où il va pouvoir ce lâcher sur le personnage, toujours avec son comparse Steve Dillon. Et c’est en 2007, à l’occasion du crossover Civil War, que Marvel va relancer une série régulière dans la continuité, Punisher War Journal, qu’il va confier à Matt Fraction, l’étoile montante de la Maison des Idées. Avec l’aide d’Ariel Olivetti, Howard-Caca-Chaykin et d’autres artistes, il va remettre le personnage de Frank Castle au cœur de l’univers Marvel. Après 26 épisodes, Punisher War Journal va laisser sa place à une série sobrement intitulé Punisher, relancée pour la 7ème fois, avec le scénariste Rick Remender aux commandes. Dans son premier arc, dessinés par le talentueux Jerôme Opeña, le scénariste va plonger le personnage dans le Dark Reign, période où Norman Osborn et d’autres bad guys contrôlent la défense des USA. C’est alors que Frank va tenter d’assassiner Osborn, mais Sentry va l’en empêcher. Cette tentative d’attentat va énerver Osborn qui va charger The Hood de le tuer. Il va dans un premier temps échouer, puisque Castle va faire exploser une planque de Hood. Ce dernier va passer aux choses sérieuses dans le second arc, dessiné par Tan Eng Huat, où il va ressusciter une galerie de méchants de dernière zone afin de s’occuper du mercenaire. Or, ce plan va également échouer, et Hood va alors ressusciter la famille de Castle afin de le prendre par les sentiments. Pensant que ce ne sont que des clones, Frank va alors re-tuer sa propre famille. Cet acte va le briser psychologiquement et c »est alors que, dans le cadre de The List, Osborn va envoyer Daken, le fils de Wolverine, finir le travail. Et il va le faire, puisqu’il va littéralement découper en morceau ce cher Punisher.

C’est dans cette situation que va débuter Franken Castle, le troisième arc de Rick Remender, qui sera accompagner ici par Tony Moore (Walking Dead), Roland Boschi (Ghost Rider) et Dan Brereton. Après deux runs très super-héroïque et dans la continuité, le scénariste va faire un virage total (mais pas à 360 degrés, hein Christine !) dans le genre de la série afin de la transformer en une série fantastique/horrifique. En effet, les morceaux de Castle découpé avec amour par le fiston à Logan, vont être récupérés par Morbius, de la Légion des Monstres, qui va le « recoller » pour le faire re-vivir et lui demander de l’aide car son peuple est en danger. Un homme du nom de Robert Hellsgaard s’est mis en quête d’éliminer tous les créatures inhumaines de la planète. Va s’en suivre une aventure complètement loufoque, dans un univers fantastique à l’ambiance assez glauque, avec des scènes assez gores et un aspect ridicule et un second degrés assumé mais sans pour autant tomber dans le parodique. Il faut tout de même reconnaitre à Remender son talent d’écriture et son courage pour avoir fait ce qu’il a fait, c’est à dire bouleverser totalement les règles, le statut  et le genre d’une série et d’un personnage ultra connu du Marvel-verse pour livrer quelque chose de différents de ce que tous ses prédécesseurs ont fait.

La série a perdu pas mal de lectorat et de fans à cause de ça, et ça peut se comprendre. Mais cela n’enlève rien aux qualités de cet arc, surement le meilleur depuis le début du run. En effet, en changeant presque tout dans la série, Remender se donne une totale liberté et n’est plus contraint par les évènements du Marvel Universe. Même si, lorsqu’il avait cette contrainte, il signait quand même des histoires passionnantes, ici il peut encore plus se lâcher. Et on voit très bien que le scénariste s’amuse énormément avec l’univers de la Légion des Monstres, en construisant un back ground à cette galerie de personnage tout droit sorti d’un film de série B. Mais Remender garde un aspect du Punisher, tout de même, c’est l’action. Entre des scènes particulièrement sanglantes où Frank Castle et ses nouveaux amis lâchent toute leur rage, où encore ce combat final dantesque, Tony Moore et Roland Boschi livrent des planchent d’un dynamisme incroyable et de toute beauuuuté, sublimé par une colorisation sans encrage des plus réussie. Une saga qui surprend par son originalité donc, un véritable ovni qui traverse l’univers Marvel et qui, franchement, fait très plaisir à lire.

Pour lire le run de Remender, il vous suffit de trouver les numéros 4, 6 et 8 (celui chroniquer ici) du magasine Marvel Saga. Il faut d’ailleurs souligner ici le travail de Panini, qui propose l’équivalent d’un TPB dans chaque numéro consacré au Punisher, et ce pour seulement 5,60€, et ça fait plaisir aussi !

Bigorneau War Journal




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