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23
Juin
11

Freak Angels T3 & T4

Warren Ellis est surement le scénariste dont on parle le plus ici. Il faut dire que dans tout ses boulots, même les moins bons, le plaisir de lecture est toujours là. C’est le cas de la série Freak Angels. D’autant plus que ça fait parti des meilleurs productions du scénariste. On avait déjà parlé des deux premiers tomes, qui étaient une excellente introduction et présentation de l’univers et des personnages. Maintenant que le « sale boulot » est fait, on peut enfin les grands enjeux dramatiques. Et c’est ce qu’il fait avec brio dans les tomes 3 et 4 !

À peine les FreakAngels ont-ils ouvert les portes de Whitechapel aux rescapés de l’apocalypse que, déjà, l’un d’eux s’est mis en tête de perpétrer la sinistre légende de ce quartier londonien ! Alors, tandis que ses « frères » s’échinent à organiser cette nouvelle vie communautaire, Kaitlin mène l’enquête, bien déterminée à faire régner l’ordre. Il y a longtemps, les FreakAngels avaient commis l’erreur de laisser Mark vivre. Quel sera leur choix, cette fois-ci ?

Après avoir essuyé deux attaques, externes, sur Whitechapel, la menace va cette fois-ci venir de l’intérieur. Le premier volume ayant présenté remarquablement les personnages, et les relations qui les animaient, le deuxième avait déjà pu creuser plusieurs pistes d’intrigues. Mais c’est clairement avec le 3ème et le 4ème volumes (réellement complémentaires) que Ellis va creuser encore plus ses personnages, la situation, leur passé, les dangers auxquels ils s’exposent. Le début du tome 3 est en soit peu différent des premiers tomes. Il commence avec un court rappel des personnages, sorte de trombinoscope, pour ensuite continuer dans le récit psychologique, explorant chaque personnage un petit peu plus, avec un enchainement des scènes très télévisuel, sorte de mini-tranches de vie qui s’entre-mêle. Et discrètement, le scénariste va glisser de plus en plus de pistes, d’intrigues, d’enjeux.

Et c’est après ce travail d’artisan, tel un joueur d’échec qui met ses pièces en places, qu’Ellis va abattre son jeu, mélangeant toutes les intrigues et enjeux afin de livrer un récit rapide, tendu, dramatique, avec beaucoup d’action, de rebondissement, qui scotche le lecteur. Un récit mener de main de mettre, où Warren Ellis arrive à mélanger des intrigues différente avec une cohérence folle, en apportant une tension dramatique folle, une peur du sort des personnages, qui perdent peu à peu le contrôle. Une intrigue qui appelle également à des éléments des deux premiers tomes, le tout formant un puzzle assez incroyable. L’intrigue dure pendant les deux tomes, donnant d’autant plus de tension entre les deux, le cliff de fin de tome 3 étant assez insoutenable. D’autant plus que, si le tome 4 conclue (en quelque sorte) cette intrigue et cette période de forte tension, il ne commence pas là dessus.

En effet, le scénariste a préféré, après avoir laissé ses personnages dans une situation assez catastrophique, raconté l’origine de cette « fin du monde ». Un fantasme de scénariste que de laisser le spectateur dans le flou après un moment de tension dramatique extrême, que de raconter « l’origine » de son personnage (un peu comme ce qu’à fait Alexandre Astier avec Kaamelott). Mais ce passage, si il est ultra frustrant, permet réellement une meilleur compréhension des enjeux. La construction de Freak Angels est donc toujours aussi télévisuel, que ce soit dans l’enchainement des scènes comme dit précédemment, ou même dans le rythme globale d’un volume. D’autant plus que, si la publication en album n’était pas celle d’origine, on récent quand même un découpage précis et réfléchis pour chaque tome.

La puissance dramatique du récit, et le découpage télévisuel ne serait rien sans le talent du dessinateur Paul Duffield. Si il a prouvé dans les deux premiers tomes qu’il savait dessiné, et que son style collait parfaitement à l’ambiance « fin du monde », il prouve ici son art de la mise en page, tantôt sobre, tantôt plus extravertis et de la mise en scène e l’action. Les dialogues sont en mise en scène de façon sobre donc, avec des couleurs froides. Mais, quand le rythme du récit augmente en intensité au fil des pages, Duffield rend ses planches plus dynamique, avec ici un effet de pluie qui souligne la rapidité de l’intrigue et la confusion des personnages. D’autant plus que le dessinateur met en valeur les grandes actions, ou autres passages où les Freak Angels utilisent leurs pouvoirs, en sortant les personnages des cases, alors que le reste du temps rien ne sors des cases, avec une narration très claire. Un effet qui renforce ici le sentiment de puissance et qui sort de l’ordinaire (représenté par les simples cases).

Les tomes 3 et 4 de Freak Angels sont intimement lié formant une intrigue dense, passionnante, et rudement bien mené, que ce soit par un scénariste qui fait preuve d’une subtilité et d’un sens du rythme incroyable ou par un dessinateur qui met formidablement en valeur le scénario, ajoutant des idées de mise en scène maligne. Une tuerie cosmique à découvrir d’urgence, d’autant plus que Le Lombard fait vraiment un excellent travail de traduction et d’édition, avec une qualité qui rivalise avec les productions Delcourt, voir même, qui les dépasse.




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