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04
Fév
12

Angoulême 2012: Interview Niko Henrichon

La dernière édition du festival international de la bande dessinée d’Angoulême s’est déroulée du 26 au 29 Janvier dernier. Un festival riche en rencontres et en péripéties (pas très glorieuse pour le rédacteur de ses quelques lignes) mais qui finalement fut une expérience sans précédent autant humaine que physiquement (et surtout pour mon foie). La première personne que nous avons pu rencontrer est le dessinateur de la bande dessinée Noé, projet de longue date porté par Darren Aronofsky et dont nous pensons le plus grand bien ici même. Humble, passionnant et adorable, Niko Henrichon est un artiste simple qui a bien voulu répondre à nos questions dans un très joli cadre situé dans les backsatge du stand Le Lombard. Voici donc son interview écrite.

Absolute Zone: Bonjour Niko. Est-ce que tu peux te présenter, toi et ta carrière ?
Niko Henrichon: Mon nom c’est Niko Henrichon. Je suis canadien d’origine, français d’adoption. Maintenant, je vis en France et je fais de la bande dessinée depuis maintenant 10 ans, après avoir fait des études en Belgique pendant 3 ans. J’ai appris le métier là, et puis j’ai commencé à travailler assez tôt dans les comic-book américain. C’est là où j’ai trouvé, la première fois, du travail et depuis ça, ça ne s’est jamais arrêté. Heureusement d’ailleurs !

AZ: Ton premier job date de 2001, et c’est un épisode spécial de Sandman. Est-ce que tu peux nous expliquer comment tu en es arrivé à travailler sur cette série et comment s’est déroulée cette première expérience ?
NH: Moi, la première fois, j’ai fais comme tous les apprentis dessinateurs de bande dessinée: j’ai envoyé un dossier avec des travaux à tous les éditeurs, incluant tous les éditeurs français et les éditeurs américains. Comme je connaissais les deux langues, j’étais assez à l’aise pour travailler des deux côtés. Donc j’ai envoyé tout simplement partout, un condensé de mes meilleurs travaux d’étudiants. Et puis, la seule réponse positive que j’ai eu, c’était chez DC Comics, la branche Vertigo, qui m’ont dit «ouais ça nous intéresse, on veut bien faire un petit truc de 6 pages». Donc c’est 6 pages le premier truc sur Sandman, et c’était avec l’auteur Bill Willingham, qui allait plus tard devenir le Bill Willingham de Fables, une grande série aujourd’hui. C’est avec lui que j’ai travaillé la première fois et puis c’est vrai que j’ai rarement travaillé avec des auteurs dont j’aimais pas le travail. C’est arrivé très très rarement, donc depuis je touche du bois.

AZ: Et justement, après il t’a invité sur la série Fables pour un épisode…
NH: Oui oui. En fait, l’éditrice (NDLR: Shelly Roeberg) qui s’occupait de mon tout premier projet sur Sandman était la même éditrice qui bossait avec Bill Willingham sur Fables. Et puis, je l’ai croisé dans un festival à Toronto… D’ailleurs c’est souvent comme ça, il faut que les gens sachent qu’on a des boulots parce qu’on croise quelqu’un qui pense à nous soudainement, et puis qui nous rappelle pour du travail. Alors qu’on enverrait un message, ça serait pas la même chose. Souvent, on croise des gens, on a une discussion et ça rappelle à l’éditeur qu’on peut travailler ensemble. C’est vrai que ça m’est arrivé souvent ce genre d’expériences. Et ça s’est passé comme ça, ils avaient un numéro qui n’était pas dans la continuité, isolé. Fables, ça fonctionne par cycle. Et il y a 5/6 numéros de suite qui forment une histoire un peu plus grande. Là c’était un numéro isolé, ça se prêtait bien à changer de dessinateur plutôt que dans un grand cycle. D’ailleurs, ils changent rarement de dessinateur dans un cycle, où c’est important d’avoir une continuité. Donc il cherchait un dessinateur, l’éditrice m’a appelé et je l’ai fais. Malgré que c’était un peu compliqué parce que là, c’est vraiment du mensuel. Faut faire 22 pages au complet par mois. Et je l’ai jamais accepté, sauf pour Fables, parce que j’aimais beaucoup la série et c’était un des derniers coups de coeur que j’avais eu à l’époque. Et puis quand on m’a proposé de travailler dessus, de suite j’ai dis oui. Après j’ai compris dans quoi je m’étais embarqué (rires).

AZ: Après Sandman, tu as réalisé Barnum!, avec Howard Chaykin. Comment s’est passé cette collaboration, sachant que Chaykin est dessinateur ? Il t’a donné des conseils au niveau du dessin ?
NH: Oui oui. En fait avec Howard, j’ai appris beaucoup sur la mise en page américaine. Parce que moi, j’étais d’avance un peu plus franco-belge, comme j’étais allé à l’école en Belgique, donc des mises en page assez standard avec plus de cases par pages. Donc c’est pas le même métier que faire des comic-book américains. Et Howard et David Tischman, son collaborateur, m’ont vraiment mis dans le bain du travail à l’américaine, avec toutes les petites subtilités de mise en page qu’on peu faire. On en a discuté et ils m’ont tout de suite mis à l’aise avec ça. J’ai quand même beaucoup appris parce que Howard écrit son script de la même façon qu’il met en page lui même quand il fait ses propres comic-book. J’ai connu entre temps ce qu’il faisait et donc j’ai vu ce qu’il voulait dire en voyant ses propres comic-book, parce que je voyais bien là où il voulait en venir. Donc ça m’a aidé pas mal.

AZ: Ensuite, tu as travaillé sur la franchise Star Wars…
NH: Euh… Très brièvement. C’est vrai qu’on me mentionne souvent sur internet. Je sais pas pourquoi c’est resté. J’ai travaillé pour un studio de dessinateurs, d’illustrateurs, de story-bord… Des gens qui faisaient du dessin à toutes les sauces. Mais c’était un travail de studio. Il y a mon nom sur le comic-book, mais j’ai fais qu’une infime partie du travail. Mais oui, j’ai collaboré à une histoire de Star Wars, de Superman, de He-Man. J’ai même travaillé sur Dora si tu veux une révélation ! (rires)
AZ: Sur Dora ?! Mais comment t’en es arrivé à bosser là dessus ?
NH: Bah comme je te dis, c’était un studio qui faisait tout. Donc incluant des décors de dessins animés. Voilà. J’ai tout essayé moi ! (rires)

AZ: Toujours chez Vertigo, tu réalises Les Seigneurs de Bagdad, avec Brian Vaughan. Pourquoi, d’après toi, cette œuvre a été la plus importante ? C’est parce que tu avais plus d’expériences ?
NH: C’est le scénario. Franchement… (AZ: Fais pas le modeste !) Nan mais c’est vrai, c’est pas de la fausse modestie. Ce genre de scénario, il suffit que le dessinateur s’en sorte bien, et ça marche de toute façon. Il y a vraiment une bonne structure de base, tout est là pour faire une bonne histoire et si les dessinateurs merdent pas trop, ça passe. Moi dans mon cas, ça c’est bien passé, je pense. En tout cas j’ai eu de bons commentaires. J’avais même été nominé pour un Eisner Award. C’est le pinacle des prix de bande dessinée aujourd’hui. J’avais été beaucoup récompensé pour cette oeuvre là. Mais à la base, c’est simplement une bonne histoire de Brian K. Vaughn. J’ai eu la chance d’être là au bon moment pour pouvoir le faire, et puis d’être disponible. Il y a des gens, des fois, qui ne sont tout simplement pas dispo. Il se trouve que moi je l’étais et puis voilà.

AZ: Tu passes chez Marvel, où tu fais quelques numéros par ci par là (New X-Men, Black Panther, FF…) pour finalement aller voir ailleurs. Comment s’est passé cette expérience dans la Maison des Idées ?
NH: Très bien. Avec Marvel, c’est comme ça, dès qu’on est connu un petit peu ailleurs pour faire autre chose, ils viennent vite te chercher. Et moi ça a été le cas, étant donné que Bride of Baghdad avait été un bon succès et que tout de suite mon nom était associé à ça. Donc y avait un certain enthousiasme à m’engager. Et puis, ils m’ont proposé des projets comme ça. Je voulais pas tellement m’inscrire dans la continuité Marvel parce que, un, j’y connais rien, et puis deux, j’avais pas spécialement envie de ça. J’avais envie de faire des projets chez eux, mais des projets un peu plus marginaux, des choses différentes. Et puis ils m’ont proposé ça. Et du fait aussi que je suis quelqu’un qui aime tout faire, le dessin jusqu’à la couleur, et que dans contexte des comic-book mensuel c’est assez compliqué de faire ça puisque c’est 22 pages par mois, quand on fait tout, c’est vraiment la galère. Donc ils ont été sympas, ils m’ont confié des histoires courtes, ou des histoires où j’avais un long délai pour le faire. Donc c’était très agréable. J’ai pas à me plaindre du tout de la collaboration Marvel Comics. Et si j’avais le temps, j’en referais encore. Le problème c’est que j’ai plus le temps… J’adore ça faire des couvertes, des illustrations. C’est fantastique, c’est vraiment amusant.

AZ: Vous faites donc, le dessin, l’encrage, la couleur… Pourquoi pas le scénario ?
NH: Ah bah ça viendra bien un jour hein, c’est la prochaine étape. Mais c’est vrai que ça m’intéresse, parce que c’est seulement à ce moment là où il y a une homogénéité dans l’œuvre, et qu’il y a un certain avantage parce que le scénario est fait en fonction des capacités du dessinateur. Faut pas non plus tomber dans le piège de se donner des trucs trop facile à dessiner. Ça, ça peut être dangereux. Mais j’aimerais bien écrire un scénario. Ça viendra un jour, j’ai quelques idées. Je sais pas quand, mais ça viendra.

AZ: Venons en à Noé, publié chez Le Lombard, écrit par Darren Aronofsky. Avant de parler de la BD, est-ce que c’est un réalisateur que tu connaissais et appréciais avant ?
NH: Oui, je connaissais et j’appréciais. J’avais pas vu tout ses films. J’avais vu seulement Requiem for a Dream, qui est sont succès culte, et ça m’avait beaucoup impressionné. Donc quand il est venu vers moi avec cette idée, ça m’a emballé… Enfin pas du premier coup. Pour faire court, j’avais reçu son message pendant que j’étais en vacances et j’avais pas réalisé. J’avais mal lu le message ! (rires) J’étais en vacances, donc j’y ai pas porté l’attention que je devrais. Et puis j’ai seulement réécrit plusieurs semaines plus tard, quand je suis revenu de vacances; «Euuh, c’est toujours valide cette proposition ? Ça à l’air intéressant !» et finalement, oui, c’était toujours valide, donc j’ai eu de la chance sur le coup. Donc du coup, après, j’ai vu tout les films qu’il avait fait: Pi, The Fountain The Wrestler… ‘Fin, quand j’ai commencé à travaillé sur Noé, il venait de sortir The Wrestler. Parce qu’avant qu’on puisse signer ce projet, il y a eu pas mal de péripéties. C’était pas si évident de le mettre en production.

AZ: Donc tu es vraiment attaché au projet depuis le début ?
NH: A la base, c’était un projet de film, il y a très très longtemps. Ce scénario là, c’était un peu une passion personnelle pour Aronosfky, ça fait longtemps qu’il y travaille, ça fait longtemps qu’il veut le mettre en scène. Mais bon, c’est un film à gros budget. Et on accorde pas un gros budget à n’importe qui, même les gens connus. Et donc il ne savait quand est-ce qu’il allait le mettre en scène, donc quitte à voir ça… Lui c’est un fan de bande dessinée, il est passionné par ça. Il adorerait travailler sur des projets de BD…
AZ: Il a fait The Fountain en BD.
NH: Oui, The Fountain c’est un peu le même principe si on veut. Il voulait faire le film, il a fait la BD en même temps, finalement les deux se sont fait en même temps. Et nous, ça sera probablement ce qu’on va faire parce que il sont déjà en pré-production. Il y a déjà un studio qui est impliqué. Il reste qu’à choisir les acteurs et mettre en branle le truc. Bon, il peut s’écouler quelques mois, voire quelques années avant qu’on ait un film fini, mais je sais que ça commence très sérieusement, le film. Donc peut-être que Noé sortira au complet avant le film, si ça se trouve même pendant, peut-être le dernier tome sortira même après le film lui même. On verra. C’est deux projets, dans le fond, qui vont se faire en parallèle.

AZ: Quelle est votre méthode de travail à tous les 3 pour réaliser un tome ?
NH: Comment je pourrais dire… C’est pas un script de bande dessinée en tant que tel. Bien que Darren soit un fan de BD, ce n’est pas un scénariste de BD, c’est pas son métier. Donc lui, il a écrit un script qui ressemble plus à un screenplay, à quelque chose qu’on pourrait mettre en scène au cinéma ou à la télévision par exemple. Mais même ça, ça a été réadapté pour faire le film. Donc c’est vraiment comme une structure de base, avec tous les péripéties, les dialogues quand même. Et c’est au dessinateur, en l’occurrence moi, de remettre en ordre et d’adapter le scénario à une forme BD. Donc il y a un petit travail d’adaptation quand même, bien que narrativement, ça se tient très bien et qu’on respecte assez bien la ligne directrice. Mais bon, il y a des éléments qui sautent un peu, il y a des choses qui sont difficiles à gérer en BD, comme le temps qui passe, par exemple. Une bande dessinée ça se lit très très vit quand il y a des cases muettes les unes après les autres, donc pour donner une impression de temps qui passe… Il y a des choses qui sont un peu plus compliquées à gérer en bande dessinée alors on se sert des trucs propres à la BD pour pouvoir arriver à nos fins.

AZ: Est-ce que Darren Aronofsky te laisse une totale liberté sur tes cadres, ton découpage ? Comme c’est un réalisateur assez perfectionniste…
NH: Oui, mais ça, ça n’a pas changé. Il est très perfectionniste sur tous ses projets, même la BD. C’est vrai qu’il veut tout voir, tout approuver, il veut être sûr que ça fonctionne exactement selon l’intention que lui avait dans son scénario. Mais bon, on s’entend bien depuis le début. Et puis chaque fois qu’il a de nouvelles idées, ou des choses à amener, moi je trouve toujours que ça rends service au récit. Donc c’est facile de travailler avec lui, je suis généralement toujours d’accord avec ce qu’il propose. Mais, en effet, c’est pas le scénariste qui te donne le script et qui veut voir l’album fini. Là, il veut suivre toute les étapes, tout le processus, il veut adapter les dialogues en fonction des images que je fais… Il y a tout un travail de collaboration qui est exigeant mais qui est créativement stimulant donc c’est très agréable.

AZ: Noé est une BD qui s’inspire de la Bible avec toute une constructions autours de mythes. Quels ont été tes références et tes sources d’inspiration graphique ?
NH: Quand j’ai lu le script au début, je voyais pas trop où il voulait en venir, je comprenais pas bien… J’imaginais, si on faisait l’histoire classique avec Noé, une grande toge, des sandales, les imageries qu’on connait déjà. J’étais pas partant pour ce genre d’univers. Mais tout de suite, ils m’ont expliqué que c’était super décalé comme univers. D’ailleurs, la fin de l’histoire prends une tournure assez inattendue. Donc le parti pris était de vraiment faire un univers décalé, avec très peu de références à ce qu’on connait déjà. Plus mettre en scène un univers fantastique, post apocalyptique, qui ressemble un peu plus à de la science fiction ou de l’heroic fantasy, si on veut.
AZ: En enlevant toute dimension religieuse ?
NH: Il reste quand même la dimension religieux de base. On parle du Créateur, mais ça c’est pas forcément propre à la religion catholique. C’est plus de la mythologie que de la religion en tant que tel. D’ailleurs, Noé est un mythe de l’ancien testament. Et l’ancien testament est à la base d’une religion qui est multi-millénaire, c’est pas exactement comme le nouveau testament. C’est un autre rythme, c’est une autre façon de voir les choses.

AZ: Quels sont tes futurs projets ? La suite de Noé ?
NH: Ouais ouais, que ça, les trois prochains. Là, je suis sur le deuxième, et je vais enchainer pendant 3 ans là-dessus. Ce sera 4 tomes en 4 ans.

AZ: Quelles sont les dernières BD, films, séries, jeux vidéos… qui t’ont fait kiffer ?
NH: Jeux vidéos ? Mais j’ai pas le temps de jouer aux jeux vidéos ! (rires) Les dernières trouvailles ? Attends, faut que je réfléchisse parce que j’ai découvert des choses qui sont pas nécessairement récentes comme, dernièrement, je suis tombé sur Les Tours de Bois-Maury d’Hermann. J’avais jamais lu ça, donc ça m’intéressais. Je connaissais déjà sa série Jeremiah, c’est un auteur que j’aime beaucoup. Et j’ai redécouvert une série médiévale assez audacieuse et qui est franchement amusante. Mais sinon, qu’est-ce que j’ai découvert d’autres… Si ! Il y a la série chez Vertigo, Scalped, par Jason Arron et R. M. Guéra. Super bien scénarisé et super dessins, vraiment un grand dessinateur. Et puis ça fait plaisir de voir Vertigo toujours se renouveler, toujours avoir de nouvelles séries, c’est assez sympa. C’est à peu près tout. Je suis pas un gros lecteur de BD.

Propos recueillis par Antoine Boudet.
Merci encore à Niko Henrichon pour son temps et ses réponses,
ainsi qu’à Clémantine De Lannoy et Le Lombard.

31
Déc
11

Bilan 2011 de l’équipe d’Absolute Zone

Les 365 jours de 2011 sont écoulés. Et oui. Il est donc l’heure de jeter un dernier regard à cette année d’une richesse incroyable, autant au niveau culturel que politique. L’occasion pour chaque rédacteur de faire un petit bilan en parlant des choses qui l’ont marqué, aussi bien dans l’actu, au cinéma, à la TV, en BD, en musique, en littérature, en concert ou même un évènement en particulier;

Antoine (Bigorneau)

Actu: Il s’en est passé des choses cette année, et pas des moindres ! Mais pour moi, l’actualité, ou plutôt l’affaire médiatique et tout ce qui en a découlé, la plus importante de l’année est l’affaire DSK. Tout d’abord, l’affaire en elle même a été d’une violence inouïe pour le publique français, très peu habitué au système judiciaire américain, ainsi que pour la vie politique française, qui attendait le socialiste comme le Messie. La nature en elle même de l’affaire, l’accusation d’agression sexuelle sur Nafissatou Diallo, en plus d’être très grave, a soulevé quelques réalités sur le monde politique. Mais surtout, c’est ce traitement et cet engouement populaire pour cette affaire qui m’a le plus choqué. Des journalistes près à ne passer à l’antenne que des heures et des heures d’images vide de sens, à l’affut du moindre scoop, infos ou pet de travers d’un des intervenants, ou faisant des unes à la chaine sans jamais vraiment être de bon gout et, en plus, faisant des scores jamais vus. Ce traitement inédit, presque malsain, de la vie d’un homme publique, a été motivé par la rapidité de circulation de l’information sur le net, poussant les chaines et rédactions à être prêtes à tout pour doubler la toile. Tout ce ramdam a surtout permis une prise de conscience quasi immédiate pour les 3/4 des français, encore dans les choux, de l’honnêteté de la classe dirigeante. Nous n’avons pas encore assez de recule sur cet affaire pour voir ses effets à long terme de cette évènement historique, mais elle reste, pour moi; l’assassinat d’un homme sur le scène politique, la discréditation partielle du monde politique, un traitement inédit d’une affaire rythmé comme une série TV pour captiver l’attention et finalement un reflet assez déconcertant de la société occidentale.

Cinéma: L’année cinéma a été d’une richesse incroyable, créant des bouchons en salle cet été et en cette fin d’année, avec de grands succès à la fois attendus et surprenants (Intouchables, Tintin…). Le film le plus marquant, à mon humble avis, est le dernier film de George Miller, Happy Feet 2. Non, ne zappez pas déjà sur le bilan de Loun, laissez moi finir. A la fois comédie musicale incroyablement dynamique, film d’animation pour enfant d’une drôlerie absolue, quête d’identité avec comme base le rapport père/fils ainsi qu’une recherche constante de notre place dans le monde et véritable œuvre humaniste, Happy Feet 2 est une claque émotionnelle totalement inattendu (les différentes bande annonces laissant penser à une régression par rapport au déjà incroyable premier opus) d’une richesse thématique, scénaristique et de mise en scène incroyable. Le film de l’année.
BD: Beaucoup beaucoup de lecture en 2011, mais très peu qui sortent du lot à vrai dire. Celle qui m’a le plus marqué cette année, elle est récente et je ne l’ai même pas encore finie; c’est Wenesday Comics. Ce projet assez fou, de sortir en format journal 15 pages de BD chaque semaine pendant 12 semaines, une page par histoire, et de ensuite les réunir dans un hardcover übergrand format, a traversé l’Atlantique. Panini a adapté l’ouvrage en France dans une sublime édition en cette fin d’année. Chaque histoire creuse un aspect du personnage en peu de case afin de livrer des aventures intemporelles, la plus part jouant avec le format. Cela permet ainsi une créativité nouvelle pour tes artistes comme Allred (Metamorpho) ou Sook (Kamandi) qui se livre à des expériences graphiques toutes plus sublimes les unes que les autres.

Série TV: A la rentrée 2011 des séries, on faisait la tronche. Les grands networks US se sont cassé la gueule avec des projets pourtant ambitieux (Person of Interest, Terra Nova) et certaines séries ont montré des signes insistants de fatigue (HIMYM, House…). Et pourtant, avec du recule, on remarque tout de même que 2011 aura été marqué par un regain de santé pour les chaines de cables avec de nouvelles séries incroyablement ambitieuses et réussies. On notera, pêle mêle, l’incroyable Game of Thrones (HBO), la passionante The Killing US (AMC), la grande surprise de la réntrée Homeland (Shotime) et le plaisir coupable Suits (USA). Ses séries sont des cultes instantanées et sont immanquables. Chaque série fait entre 10 et 13 épisodes d’1h, alors jetez vous dessus si vous n’avez pas déjà jeté un oeil ! Un petit mot sur deux productions française notable de 2011. Platane d’abord, la cure de desRamzyfication d’Eric Judor a porté ses fruits puisque se série est incroyablement drôle et maline sur le système de production français. Et puis comment ne pas parler du phénomène Bref, le succès surprise de Canal, qui, si elle a définitivement pourri l’utilisation du mot « bref », aura permis de révéler au grand public Kyan et Navo.

Cette année 2011 fut importante pour moi, pleine d’évènements et de changements en tout genre. Et 2012 semble tout aussi passionnante, avec un festival d’Angoulême qui s’annonce grandiose, une mutation historique du marché français des comics avec l’arrivée d’Urban Comics et de nouveaux éditeurs et des films d’or et déjà attendus.

Laetitia (Loun)

Actu: L’évènement 2011 qui restera gravé dans ma mémoire, c’est le tsunami au Japon. Tant de morts, de blessés et surtout la remise en question mondiale de l’utilisation du nucléaire.
Cinéma: Le film de l’année ? Le Discours d’un Roi, de Tom Hooper. Une véritable performance de la part de Colin Firth, et la découverte d’une part de l’histoire trop peu connue et vraiment émouvante.
Livre: Le livre qui m’a le plus marquée cette année est sans aucun doute Hunger Games. Il m’a permis de découvrir l’univers des dystopies, un genre littéraire qui me passionne (comme vous avez pu le constater).
Concert: Le concert de l’année pour moi, c’est celui de Milow. En acoustique, moins de 50 personnes dans la salle… Un vrai moment privilégié !

Série TV: Cette année encore, je vote pour Misfits comme série de l’année ! Malgré le départ de Nathan, la série a su se renouveler et rester drôle du début à la fin ! Fucking Cheerleaders !
Évènement: Mon tout premier FIBD (Festival International de la BD d’Angoulême), qui m’a permis de rencontrer pour la première fois une partie de mes collègues Absolute Zoneurs. Un grand moment d’émotion (petite larme qui coule) et l’occasion de découvrir le monde de la BD, un domaine que je connais encore trop peu à mon goût.

2012 aura finalement été une année de découverte, de changements et de bouleversements, aussi bien dans l’actu que dans ma propre petite vie. Nouvelles études, nouveau boulot, nouvelle rubrique sur Absolute Zone… Un renouveau qui aura fait de 2011 une belle année pour moi, et je l’espère pour vous aussi. Alors je vous souhaite une bonne année faite de films, de mangas, de bouquins, de musique et de BDs. Tant que vous continuez à venir lire mes articles, moi, ça me va !

Clément (Marvel Boy)

Actu: Encore une année bien garnie niveau culturel et actualités ! C’est le moins que l’on puisse dire car il faudra bientôt développer des super-pouvoirs pour arriver à prendre du recul face à la déferlante de nouveautés, qui rime cette année avec qualité. Un point tout d’abord sur ce qui m’a marqué dans les médias cette année : les dix ans des attentats du 11 Septembre. Quand on est aussi jeune que moi, on se souvient de cet évènement marquant qui annonçait tout de suite la couleur en ce début de siècle. Une décennie plus tard, cela reste un tournant majeur dans notre histoire occidentale, de plus que cette année a vu la mort d’Oussama Ben Laden, une vengeance/justice douce-amère à laquelle tout le monde a assisté.
Cinéma: le film qui m’a scotché à mon siège c’est bel et bien Drive, avec la révélation de l’année Ryan Gosling, tout aussi talentueux que son équivalent irlandais Michael Fassbender qui a brillé dans le dernier X-Men, un autre de mes coups de cœur de l’année ciné.
Pour ce qui est de la musique, j’ai particulièrement apprécié la B.O. de Drive avec un titre juste parfait, Nightcall de Kavinsky et celle de 127 Heures, avec la musique toujours très juste de A.R. Rahman et le titre Festival de Sigur Ros.


BD: Étant un grand fan du tisseur en VF, je ne peux que me réjouir du retour aux commandes d’Humberto Ramos en tant que dessinateur de la série régulière The Amazing Spider-Man, c’est l’un des dessinateurs, avec John Romita Jr, qui m’a vite entrainé dans le monde dessiné du monte-en-l’air, dans la série The Spectacular Spider-Man (qui ressort en Deluxe très prochainement chez Panini Comics). Côté scénar, on est aussi à l’aube d’un renouveau, la période One More Day ayant duré trop longtemps et n’étant pas une période très intéressante chez Spidey, tout l’intérêt reposait sur un nouveau départ pour attirer foule de nouveaux lecteurs après l’event Civil War. Désormais, la série retrouve son charme sous la bannière de Big Time, qui s’enchainera avec Spider-Island, qui s’annonce très prometteur.
Série TV: la nouvelle série TV que j’ai eu plaisir à suivre est Borgia, car même si elle subit un scénario un peu faible, les intrigues de Rome sous forme de fresque historique mêlant corruption, sexe et violence ont tout pour me plaire. Et la découvert série qui m’a beaucoup plu cette année fut 30 Rock, la meilleur série humoristique que j’ai jamais regardé, je recommande vivement !

Jon (Pottio)

Votre humble rédacteur vous présente ses meilleurs vœux pour l’année 2012 avec à la clé une réussite professionnelle, familiale et tout ce qui s’ensuit. Ne vous inquiétez pas, au pire il y aura 2013 pour se rattraper. Je vous souhaite de passer un bon réveillon aussi même si je dois avouer que, pour ma part, je n’apprécie guère cet événement (et vous ?).


Quant au fameux bilan sur l’année écoulé, c’est un exercice délicat à faire d’autant que 2011 aura été chargé aussi bien au cinéma (Tintin, Mission Impossible 4, l’exceptionnel Intouchables, l’émouvant The Artist, X-Men : First Class, les déceptions Captain America ou Harry Potter…) qu’en comics (le relaunch de DC et j’en passe) et jeux vidéos (Battlefield 3 vs Call of Duty, Arkham City, L.A. Noire…). S’il fallait en mettre un en avant (je ne voudrais pas être viré par mon boss) je retiendrais donc Intouchables et L.A. Noire. On en a peut être trop fait sur le premier mais il faut saluer les goûts cinématographiques des français, jusque là prêt à suivre les pitreries de Dany Boon. Et le second parce qu’il est bon d’avoir des jeux qui sortent des sentiers battus.

Bon réveillon, bonne année et à l’année prochaine !

Karine (Trumper)

Actu: On m’a demandé de revenir sur une actualité qui m’a marqué cette année. Le seul soucis, c’est que l’actu, c’est pas mon truc. Je ne suis pas vraiment tout ça, et ça ne m’intéresse qu’en surface. Histoire de faire dans l’original, disons que la mort de Steve Jobs est mon actu. Les réactions m’ont surtout beaucoup surprise. Un tel deuil pour cet homme m’a semblé quelque peu disproportionné. Effectivement, il a marqué sa génération par un paquet de trucs cools, mais au final, il n’a tout de même rien inventé lui même. Une icône s’est éteinte, et je ne comprend toujours pas pourquoi c’était une icône. Lourde problématique.
Cinéma: J’aurai très bien pu parler de Drive, mais je me suis dit que j’allais plutôt revenir sur Submarine, qui est un des meilleurs films que j’ai pu voir cette année. Réalisé par Richard Ayoade, le film respire une douce mélancolie teintée d’humour et d’akwardness. Je ne vous cache pas que j’ai toujours eu un goût pour les films indé, et là, entre les très poétiques images et l’excellente musique les accompagnant, je n’ai pu que tomber amoureuse.
BD: Comment ai-je pu rester pendant plus d’une demi heure sans penser à ça. J’ai honte. Une BD marquante. Quelque chose qu’il faut avoir lu cette année. Ou qu’il faudra lire très vite en ce début d’année. Comment ai-je oser ne pas penser tout de suite a Incognito T.2. Brubaker/Phillips. Le duo à la base de toutes mes bds favorites. Un série du tonerre. Des dessins a tomber. Cours, roule, vole, achète, lis.
Série TV: 2 Broke Girls n’est pas la série la plus belle qui soit. Elle n’est pas la mieux réalisée. Pour ça, cette année, il y a eu Pan Am. Le fait est qu’elle est la série que j’ai regardé avec le plus de gourmandise. Fun, rythmée, a base de punch line a toutes les sauces, Kat Dennings et Whitney Cummings ont réussi à me redonner foi en la série comique simple et efficace.


Évènement: Le retour aux sources du cinéma a été assez flagrant je crois. Entre un The Artist excellent et un Hugo Cabret rendant un des plus bel hommage au cinéma de Meliès, le cinéma n’a pas eu honte de remercier le passé en le saluant avec virtuosité. Hazavanicius a particulièrement su mettre sa claque à la grande fan de comédies musicales des années 50 que je suis, et pour ça, je l’en remercie fortement.

Pour conclure l’année, je dirais que c’est une année qui a je le crois été très riche en actualités, en divers événements, mais qui ne m’a que très peu marquée. Une année riche, certes, mais une année très vite oubliée donc. D’excellentes choses que ce soit musicalement, ou cinematographiquement parlant, parmi un ras de marée de médiocrité. Après avoir passé des heures à trouver au moins 10 films qui m’ont sincèrement plu cette année, je me suis rendue compte que les choses de qualité avait été rares mais généralement si bien foutues qu’on en oublie le mauvais.
En attendant 2012 réserve un paquet de bonnes choses m’a t-on dit. J’ai hâte de vérifier ça, et ce, en commençant par découvrir cette histoire de Fille au Tatouage Dragon.

C’est avec une pointe de nostalgie sur cette formidable année que nous démarrons 2012 qui amènera son lot de surprise, on l’espère. On tenait également à vous remercier, tous les lecteurs d’Absolute Zone. Merci de nous lire, d’être présents sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter). C’est pour vous qu’on se démène à chaque article pour vous livrer votre dose d’Absolute Culture. 2011 a vu le site se développer de manière considérable, avec des collaborations toujours plus importantes autours du cinéma et de la bande dessinée ainsi que plein de nouvelles choses, rubriques et interviews. 2012 sera, on le sait d’or et déjà, aussi voir plus riche que cette année 2011 avec des mutations importantes qui, ont l’espère, vous plairont et ramèneront le plus de lecteurs. On vous aime et on veut vous faire plein de poutoux, voilà ! Que le force soit avec vous pour cette année 2012.

Toute l’équipe d’Absolute Zone.




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