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24
Juil
11

Comic Con France: Interview David Aja

Parmi les artistes présents à la Comic Con France, David Aja, artistes espagnol qui a travaillé pour des journaux avant d’atterrir chez Marvel pour dessiner du Wolverine, du Daredevil ou du Iron Fist ! Nous avons eu de la chance d’interviewer ce merveilleux et adorable artiste. Mais malheureusement, à cause d’un problème de son, nous ne pouvons vous proposer cette rencontre en vidéo. par conséquent, voici la retranscription écrite de cette rencontre, où l’artiste espagnol nous parle de ses dernières projets ainsi que de ses influences. Enjoy !

Absolute Zone: Pouvez-vous vous présenter et résumer votre carrière ?

David Aja: J’ai commencé à travailler en tant qu’illustrateur depuis 10… Peut-être 11 ans. Je suis vieux! Non ce n’est pas vrai… J’ai commencé à travailler en tant que dessinateur en Espagne pour des magazines, des livres pour enfants, j’ai fait beaucoup de choses. Et depuis 5/6ans, je travaille dans la BD. J’aime les comics depuis toujours, et j’ai commencé par des fan-arts avant de travailler en tant que dessinateur

AZ : Pourquoi avez-vous arrêtez de travailler pour des journaux ?

Pourquoi j’ai arrêté d’y travailler comme dessinateur vous voulez dire ? Parce que je n’avais plus le temps. Au début, je pensais qu’en travaillant chez Marvel, ils allaient me demander des mini-séries, des numéros, des couvertures çà et là. Mais tout est allé très vite. J’ai fait mon premier numéro, je crois que c’était un one-shot de Wolverine avec David Lapham et quand je l’ai fini, j’ai fait un numéro de Daredevil, avec Ed Brubaker. Et quand je faisais ça, on parlait déjà de faire Iron Fist. J’ai dû faire la première couverture du premier numéro d’Iron Fist quand je faisais le numéro de Daredevil. Et quand j’ai fini le travail Daredevil, j’ai continué à faire Iron Fist. Et je me suis dis « attends, tu travail dans les comics ! » Je n’avais pas le temps. Si tu fais du mensuel, tu n’as pas le temps de faire autre chose. Donc j’ai dû dire au revoir à mes clients en Espagne. Donc c’est surtout parce que je travaille pour Marvel.

AZ : Vous faites beaucoup de couvertures, comme celles de la mini-série Red Skull Incarnate où vous vous êtes inspirés d’affiches de propagande. Comment avez-vous eu l’idée ?

C’était incroyable qu’ils me demandent de faire ça. La mini-série Red Skull va être géniale, j’ai lu les scénarios, et ils sont très très bons. C’est sur l’enfance de Red Skull et comment il devient un monstre. Red Skull n’est pas une biographie, c’est plus une BD sur l’avènement du 3ème Reich et comment un mec se transforme en monstre. Ma proposition était, évidemment, que Red Skull doit être sur la couverture. Je pense que nous devons montrer aux gens que cet enfant va devenir un monstre à un moment. Donc j’ai décidé de faire quelque chose de fort et je me suis évidemment inspiré de la propagande nazie, comme de vrais posters, de vrais journaux, avec certaines phrases qui sont de réelles phrases de propagande nazie. J’ai fait de très vastes recherches. Et j’ai eu très très peur, parce qu’au début, je ne pensais pas que Marvel allait accepter cette idée. J’étais là « bon, on verra » mais ils ont accepté et ont adoré, j’ai eu de très bon retour, ils étaient très contents de ça.

AZ : A propos de couvertures, on a vu, avec quelques-unes telles que Iron Fist #16 et Green Arrow  #12 que vous adoré les formes géométriques. Qu’est-ce que vous aimez dans ce type de compositions ?

Vous mentionnez Iron Fist 16. C’est le numéro sur l’anniversaire de Danny Rand, qui à 23 ans. Et je ne sais pas si vous avez vu, mais il y a « 23 » sur la couverture. C’est ma petite touche. J’aime beaucoup de choses qui viennent des posters de films des années 70. Et j’essaye de faire des choses dans ce style. Quant à l’utilisation du blanc sur les couvertures, sur Iron Fist ou sur d’autres, c’est parce que, en regardant sur les étalages des comic-shops, j’ai vu beaucoup de couleurs, de noir. Et je me suis dit que ça pourrait marcher de mettre une couverture blanche, ça ressortirait mieux. Je suppose que c’est comme ça.

AZ : Comme pour celle de votre dernier one-shot sur Wolverine (Debt of Death) avec David Lapham. Comment est né ce projet ?

En fait, c’est né il y a deux ans. Nous avions déjà fait un numéro de Wolverine, je ne sais pas si vous vous en rappelez, c’était une sorte d’histoire horrifique, c’est la première chose que j’ai fait pour Marvel. Celui-ci va être très diffèrent, l’histoire se déroule dans les années 70 au Japon avec Nick Fury. C’est plus une histoire pulp. Et ça s’est fait comme ça, nous voulions retravailler ensemble, on en a parlé à un éditeur qui était d’accord. Il a écrit un scénario, et comme ce projet n’avait pas de deadline, je n’ai commencé à travailler dessus que récemment, parce que j’avais d’autres choses à faire. Des fois, je commençais à travailler dessus, je faisais 5 pages, puis je devais faire quelques couvertures ou d’autres numéros. Après, j’ai essayé de commencer avec DC, et j’ai totalement oublié ce que j’avais fait et pour quoi étaient ces planches, et je devais me remettre dedans. Donc récemment, je me suis dit qu’il fallait que je finisse ce numéro, que je ne devais faire rien d’autre. Et je suis vraiment content du résultat final, c’était un très très bon scénario, à l’ancienne, en 40 pages tu as une histoire complète avec beaucoup de choses, Iron Fist, Nick Fury, des ninjas, des robots, des yakuzas, des meurtres, c’était très amusant à faire.

AZ : Vous aimez les personnages urbains tel que Iron Fist, Wolverine, Daredevil… N’avez-vous jamais été intéressé par des histoires cosmiques ?

Probablement à cause du gout. J’aime ce genre d’histoires urbaines, pulp, noire. Ce genre de choses m’attirent plus. Et aussi, j’ai un trait plus réaliste, donc je pense que je suis meilleur quand je dessine ce genre de choses. Je pense que je suis meilleur quand je dessine des personnages en solo, dans des endroits sombres et ce genre de choses. Je ne serais pas bon à dessiner des grandes batailles spatiales… J’aime Star Wars, mais je ne pourrais pas le faire. J’ai un style réaliste, je préfère ce type d’univers et je pense que je le fais mieux.

AZ : Vous travaillez beaucoup pour Marvel. L’univers DC ne vous intéresse pas ?

Ce n’est pas une question d’univers DC ou Marvel, c’est plus une question de projet et de personnes. Si vous vous entendez bien avec le scénariste, que vous aimez l’histoire, que vous avez une bonne relation avec l’éditeur… Tu dois être à l’aise avec eux. Et je dois aimer ce que je fais. C’est plus ça, qu’une question de personnages.

AZ : Vous êtes espagnol. Avez-vous trouvez difficile de vous « exporter » aux USA ?

Non, en fait…

AZ : Ils sont venu vous trouver ?

Non, pas exactement. C’était dans une convention, il y avait Mike Marts, c’était l’éditeur des X-Men il y a quelques temps, maintenant il fait Batman. Donc il y était, j’étais un dessinateur professionnel et il a vu mon travail. Mais c’était vraiment de l’illustration, comme je vous ai dit, dans des magasines et autres. Il n’y avait pas de comics là dedans. J’avais fait quelques pages pour moi, mais absolument rien en rapport avec les super-héros. Mais il a aimé, et il m’a dit « continue à m’écrire, continue à m’envoyer des choses » et on a commencé une relation. Tout s’est passé très vite. Tout dans ma vie va très vite !

AZ : Quels sont vos futurs projets ?

Là, il me reste un numéro avec Marvel que je vais commencer à faire, qui sort en Octobre. C’est pour une série… Je ne sais pas si je peux vous dire. Ce sera qu’un seul numéro, et ensuite on verra. J’ai plusieurs projets, mais je n’ai pas encore choisi. On verra.

AZ : Quel est le dernier film et la dernière BD que vous avez aimé ?

Ahah, c’est une question très difficile. Ok, en BD, X’ed Out de Charles Burns. Et film… Mon problème avec le cinéma c’est que, depuis que j’ai des enfants, je n’ai plus le temps d’aller au cinéma. J’y allais une fois par semaine avant, mais là, je ne saurais pas vous dire. Je ne sais plus quand est-ce que je suis allé au cinéma pour la dernière fois. Désolé.

propos recueillis par Iron Xidius, Luke BrProd & Misty Bigor
merci à toute l’équipe du Comic Con France

03
Juin
11

Critique: Balada Triste

Si tout ce qui touche à la guerre civile espagnole, aux clowns tueurs, à l’amour qui pousse à la folie et au grand n’importe quoi en général vous rebute, n’allez pas plus loin, le film n’est pas fait pour vous. Ceci dit, ce serait assez dommage de rater une…expérience pareille. Balada Triste est ce genre de film que l’on attend avec envie, mais qui finit par décevoir nos attentes.

Réalisé par Álex de la Iglesia. Avec Carlos Areces, Antonio de la Torre, Carolina Bang…
Espagne,1937. Pendant que la Guerre Civile espagnole fait rage, un cirque ambulant tente de survivre. Pendant cette période tragique, deux clowns vont s’affronter jusqu’à la mort par amour pour une belle acrobate.Le film est présenté en compétition dans le cadre de la 67ème Mostra de Venise.

L’introduction est géniale. Elle procure en réalité un plaisir, assez malsain. Un clown déguisé en femme contraint par l’armée de se battre à la machette, disons simplement que pour de l’innovant wtf, on fait difficilement mieux. La lumière, le découpage, tout est parfaitement maitrisé. Les dites-attentes sont comblées et on se retrouve avec un sourire aux lèvres face à ce massacre relativement épique. Le léger problème, c’est que ça ne dure pas. Et hop, petite baffe dans la tête du spectateur. Hop, petit ascenseur émotionnel en approche.

La seconde partie du film commence, et en réalité, on suit le fils du Super-Clown. Finalement, on retrouve une ambiance de cirque basique, quoi qu’assez étrange, et rien d’extraordinaire ne se passe. On nous rebat les oreilles avec une sorte de triangle amoureux pas très joli à voir, mettant en scène la fille aux rubans et les deux clowns du cirque. Bon, effectivement, une vie de cirque basique ici est toujours plus intéressante qu’une vie de cirque basique dans De l’Eau Pour les Éléphants. Ceci dit, on s’ennuie tout de même assez, et on attend avec impatience le retour d’une séquence digne de l’introduction. Parce que oui, un film qui commence sur les chapeaux de roues ne peut se permettre de ne pas continuer dans sa lancée, tout de même !

Au fur et à mesure que l’on avance dans le temps (que l’on arrive d’ailleurs difficilement à remettre en place), le trio se transforme, prend de l’importance, change aussi bien en caractère, et se frotte de plus en plus à une folie mémorable, que physiquement, en ce qui concerne les clowns, se faisant défigurer allégrement. Encore une fois, le réalisateur nous titille, et sait que l’on attend une montée en puissance de la folie. Cela dit, je ne peux qu’avouer avoir adoré la transformation du Clown triste en véritable Fou furieux avide de sang. On est clairement pas délaissés esthétiquement parlant. Trêve de plaisanteries, après une seconde partie très lente qui ne sait dans quel style se placer, voici venir le grand final, le final que l’on attend avec envie. Le final qui nous fait espérer un véritable feu d’artifice.

Et pourtant ! On se retrouve avec du très haut et du très bas. Les personnages, plus-que-pathétiques, finissent par lasser par leur folie maladive. Seul l’incompréhensible reste intéressant. Le véritable final s’étend tellement en longueur que l’on arrive difficilement à rester concentré. On apprécie effectivement quelques léger détails, mais le fond du problème se trouve en réalité dans l’échec de la surenchère, ne donnant que du vide. Le film, ayant d’autant plus échoué à nous attacher aux personnages se finit donc dans la plus grande perplexité.

Pour conclure, malgré de très bonnes choses, de très bonnes idées et une esthétique alléchante, Balada Triste n’arrivera pas à combler en profondeur les attentes nourries par les quelques trop rares scènes rythmées et excellentes de maîtrise. On se rattrapera en chantant cette musique entêtante en sortant de la salle, et on se remémora ce générique si sympathique. Cœur partagé pour ce film, que je n’approuve donc qu’a moitié.

05
Déc
09

Critique ciné en avant première: [Rec]²

2006. Un teaser affole le web qui crée le buzz autour de cette vidéo dans laquelle l’on voit en caméra infrarouge des spectateurs espagnols sursauter et hurler dans une salle de cinéma face à ce qui s’annonce comme étant un chouette film d’horreur. Quelques mois plus tard, le succès est là et [Rec] séduit autant les spectateurs que les critiques avec sa mise en scène ultra immersive, plongeant le public dans un cauchemar à l’efficacité n’ayant d’égal que l’intelligence de mise en scène. Jaume Balagueró & Paco Plaza sont propulsés sur le devant de la scène et le succès est tel que les américains, ce peuple ne sachant pas lire des sous titres, orchestre à la vitesse de la lumière un remake copié/collé : En Quarantaine. Avec un tel succès, il était difficile de croire qu’on allait plus entendre parler des deux petits génies à l’origine de ce très sympathique premier film et non content de les revoir derrière la caméra, ils reviennent carrément avec un [Rec]² ! Les réalisateurs ont même eu la gentillesse de présenter un mois en avance le film à Paris la semaine dernière, invitant une salle pleine à craquer à réagir vivement au film, en applaudissant, criant, riant, etc…
Les lumières se ferment et c’est reparti pour un tour dans l’immeuble glauque…

Le problème avec un tel film, avant même que celui ci commence, est de succéder à son prédécesseur en gardant toute l’intelligence et la malice qui le caractérisait. De l’aveu des réalisateurs, le but du premier épisode était avant tout de construire le cauchemar le plus crédible possible, ce que le film avait réussi à faire en réussissant là où bien d’autres tels que Cloverfield avaient échoués : surpasser fondamentalement les problèmes de la caméra portée et notamment le paradoxe de l’homme qui filme tout en se faisant attaquer ou qui pose son objectif là où il faut au bon moment alors qu’il découvre la scène en même temps que le spectateur, ne sachant pas ce qui va arriver. En posant comme postulat de base une équipe de journalisme déterminée à faire un reportage immersif et donc un caméraman prenant tout ce qu’il peut filmer pour garder un témoignage des évènements vécus (surtout qu’ici la situation tournait au vinaigre de manière assez impressionnante), les deux réalisateurs avaient réussi le tour de force de donner de la crédibilité à une situation somme toute délirante, et à emmener le spectateur avec eux dans un grand huit brutal et fort réjouissant. Par la même occasion, ils mettaient en pratique une mise en scène originale et atypique, leur permettant de contourner quelques peu les codes du genre même si il faut bien admettre que les pics horrifiques étaient tout de même très classique (le coup de la caméra faisant un 360° dans la trappe, qui ne l’a pas vu venir?). Bref, quand un tel film exploitait son concept à 200% et utilisait à merveille le principe de la cassette retrouvée, comment enclencher un deuxième opus fonctionnant aussi bien et étant aussi malin?

Le film démarre et le nouveau postulat de départ étonne : on va suivre une escouade d’élite prête à rentrer dans l’immeuble pour découvrir ce que sont devenus les éventuels rescapés et défourailler le restant d’enragés désireux de bouffer tout ce qui bouge. Et évidemment…l’un d’eux filme. Si le principe est tout de suite plus poussif que le premier, il est cependant contre balancé par le fait que chaque membre de l’équipe possède une petite caméra sur son casque, ce qui permettra durant le film d’afficher lors de quelques scènes le point de vue précis d’un des membres lorsqu’il est envoyé en repérage… Le duo cherche ainsi à multiplier les points de vues pour complexifier son récit, ce qui n’est pas une mauvaise idée à la base même si il faut admettre que là encore le problème est de tenir la longueur du point de vue de la justification ce qui semble être le cas. Les 4 hommes rentrent alors dans l’immeuble en compagnie d’un guide plus ou moins mystérieux dont les objectifs ne semblent pas très clairs et durant les 25 prochaines minutes (la première demi heure quoi), le film tient bien la cadence. Si la surprise est évidemment retombée et qu’on sait pertinemment que nos 5 bonshommes vont faire quelques rencontres tourmentées, l’ensemble a le mérite de surprendre sur quelques points (ils montent direct au fameux dernier étage…) et de se révéler muscler, le film prenant alors durant cette première partie le parti d’être bourrin et d’être au premier film ce que le Aliens de Cameron était au 8ème passager de Ridley Scott, à savoir une suite gonflée à la testostérone et à l’adrénaline. Très vite donc, ça arrive dans tous les sens, ça flingue généreusement et on assiste même à une embuscade pour le moins cocasse et efficace, le métrage se révélant assez fun durant cette demi heure. Oui mais voilà. A force de vouloir tout péter vite fait bien fait, les policiers pètent leur caméra en passant, détruisant le cœur de leur dispositif filmique au bout de ses 30 premières minutes encourageantes. Et vu qu’il reste encore une heure de film, il faut bien trouver une autre caméra donc un autre point de vue. Et comme on dit… Là, c’est le drame.

Les deux réalisateurs avaient ils vraiment envie de faire cette suite ou était-ce par obligation? C’est la question qu’on est en droit de se poser quand on découvre les prochains protagonistes que nous allons suivre dans cette histoire infernale : trois couillons adolescents. Ne faites pas les surpris, si vous avez vu la bande annonce vous le saviez et la magnifique affiche (hum) mettait déjà bien la puce à l’oreille. Vous allez donc suivre 3 adolescents au QI véritablement aussi poussé que celui de votre poisson rouge (et encore), qui vont s’incruster dans un immeuble mis sous quarantaine et surveillé par toutes les forces de l’état en passant par… une bouche d’égout. Il faut dire que c’est tellement cool, d’aller vagabonder dans un immeuble entouré de flics, pompiers et autre… A vous donc de suivre des têtards débiles s’en sortant tant bien que mal et qui préféreront continuer de filmer leur pote en train de se faire dézinguer la tronche et tendre un flingue à leur ami pour que celui çi se charge du problème plutôt que utiliser le flingue eux mêmes! Vous l’avez compris, une fois cette première demi heure passée et le changement de cadreur effectué, [Rec]² sombre dans la connerie grotesque et flingue toute crédibilité, enchaînant alors un ensemble de scènes toutes plus débiles les unes que les autres, la stupidité des personnages n’ayant d’égal que la faculté du scénario à méticuleusement piétiner tout ce qui faisait la qualité du premier épisode. Car si cette suite flingue dans les grandes largeurs le réalisme de l’ensemble et ne laisse finalement plus aucune chance d’y croire ne serait ce qu’une seconde dans sa seconde puis dernière partie, elle va consciencieusement désamorcer l’autre point fort du précédent : le mystère. Si [Rec] était aussi terrifiant notamment dans son dernier quart d’heure, c’est parce qu’il avait l’intelligence de laisser planer le mystère. L’utilisation de la caméra infra rouge diminuait le champ de vision, le dernier étage était extrêmement glauque et laissait entrevoir d’horribles secrets et surtout, parce qu’on en savait peu et que le monstre final était seulement très vite aperçu, l’ensemble était très malsain et d’autant plus terrifiant que non identifiable car comme on dit, l’inconnu inspire la peur. C’est donc pour approuver cette démonstration que [Rec]² a décidé de faire carrément l’inverse. Ainsi, TOUT ce qui était laissé en suspend dans le premier opus est explicité ici, laissant place à une histoire fantastique empruntant tellement à l’Exorciste de Friedkin qu’on y voit même des gamins marcher au plafond et balancer des saloperies avec une voix d’adulte. Pour l’originalité, on repassera, notamment quand en plus on doit se taper un prêtre ridicule prétextant être en mission pour Dieu et indiquant toutes les 5 minutes à la caméra de bien tout filmer, histoire de donner un reste de légitimité à l’ensemble. Surtout, le monstre final totalement difforme et seulement aperçu dans le premier (l’horreur était suggérée laissant l’imagination faire le reste) n’aura plus aucun secret pour vous puisque vous aurez la chance de le voir en face caméra et même d’observer sa chevelure de rêve ou son regard flamboyant en gros plan, la bête venant faire coucou à la caméra, avant de laisser place à un climax que l’on voyait arriver à 3 kilomètres et qui se révèle rigolo à défaut de terrifiant. Ce qui est bien le problème…

Ainsi, [Rec]² échoue sur toute la ligne. Malgré une utilisation de la caméra toujours aussi ingénieuse, le film montre les limites de sa forme en se révélant totalement con sur le fond et en essayant tant bien que mal de justifier le fait qu’un débile filme tout ce qui se passe, sauf qu’utiliser un mongol répétant toutes les 5 minutes qu’il faut absolument tout filmer tue le concept même. Même si le film se révèle ambitieux en apportant de nouvelles choses telles que la multiplication des points de vue, le scénario over bordélique annule tout effet en le rendant caduque et se charge surtout d’approfondir l’histoire avec la finesse d’un bulldozer en explicitant tout de façon ultra cliché. Devant une telle débandade, on en vient à tirer comme conclusion que les deux réalisateurs n’avaient pas tellement envie de faire le film qui se révèle par moment efficace sur la forme mais finalement totalement vain et quand on sait qu’un troisième épisode est déjà prévu, on se trouve de nouveau face à la bonne surprise devenue par la suite une franchise machine à fric détruisant tout intérêt, ce qu’on avait déjà vu ces derniers années au cinéma (qui a dit Saw?). Dans tous les cas, que tout ceux qui souhaitait voir avec [Rec]² un film d’horreur réellement flippant et viscéral ne s’attendent pas à des miracles, le film reflétant parfaitement l’état actuel d’un genre qui a petite mine car nous avons une fois de plus l’exemple d’une phrase qu’on a tendance à souvent retrouver ces temps ci au cinéma : A trop vouloir en faire, on fini souvent par faire n’importe quoi. Et une franchise de niquée, une de plus!

Xidius




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