2010, 2010 … C’est déjà loin tout ça, c’était une belle année certes mais c’est terminé maintenant… Et pourtant, aujourd’hui nous allons parlons d’un film sorti l’année dernière déjà évoqué dans un article précédent sur John Lennon : Nowhere Boy.
John Lennon a grandi dans une famille pleine de secrets. Elevé par sa tante Mimi, il retrouve à l’adolescence sa mère, Julia. Arrivé en âge de comprendre le mystère qui a déchiré ces deux sœurs, John veut réconcilier sa famille. Une paix fragile s’installe, aussitôt ruinée par une tragédie. Mais sa mère a légué à John un don précieux : la musique. Un jeune homme tourmenté trouve enfin sa voie.
Réalisé par Sam Taylor-Wood, Nowhere Boy raconte avec un grand soucis du détail l’enfance quelque peu difficile de l’icône du rock. John est tiraillé entre sa tante Mimi, la femme qui l’a élevé et sa mère Julia, avec qui il espère pouvoir lier des véritables liens mère-fils et recevoir tout l’amour dont il a été dispensé par l’absence des ses parents durant son enfance.
Comme beaucoup d’adolescents de son âge, John se questionne sur qui il est, qui il va devenir. Or, son non-intérêt pour les études désespère grandement sa tante, à l’inverse Julia ne s’en inquiète pas et préfère que John passe des journées chez elle à apprendre le banjo. Ce contraste entre ces deux atmosphères très différentes est bien retranscrit à l’écran. John est partagé entre ces deux modes de vie, ce qu’il le mène à faire des choix douloureux. Ce drame familial est vraiment au cœur du film, on en ressent tous les impacts sur Lennon et notamment sur son avenir. John est à ce moment de sa vie où il s’interroge à propos de quel monde il appartient vraiment, et par moment se demande si il ne viendrait pas de nulle part, dilemme à l’origine du titre du film. Ce dernier est en effet focalisé sur ce moment de la vie de la rock star, et ne dérive pas sur l’avenir glorieux que celle-ci obtiendra par la suite.
Malgré cette histoire de famille, le film s’intéresse aussi à la voie que John Lennon prendra pour le reste de sa vie, la musique. Cette dernière fait partie intégrante dans la vie de l’artiste et il est alors très intéressant d’observer la naissance de cette vocation chez Lennon, initié par sa mère Julia qui lui fait découvrir à 17 ans les plus grandes stars de l’époque, lorsque le rock connaît ses premiers émois à travers des stars comme Jerry Lee Lewis, Screamin’ Jay Hawkins ou Elvis Presley. Ce dernier a d’ailleurs été une grande source d’inspiration pour Lennon, qui dès lors passait des heures et des heures à s’adonner à la musique qu’il aimait. Dans cet esprit, il fonde son premier groupe, les Quarrymen avec quelques camarades de classe, bientôt rejoints par un élément clef du groupe, le déjà très talentueux Paul MacCartney qui enseigna à John l’art de la guitare. Bien que très vite amis, on remarquera que les divergences entre les deux hommes à l’origine de nombreuses disputes dans les quelques années qui suivirent sont déjà présentes à leur rencontre. Si l’on peut présager que le film s’axe en partie sur les Beatles, il n’en est rien. Au contraire, à part quelques références assez discrètes, le nom du groupe n’est jamais entendu et aucune de leur chanson non plus. On note ici un vrai choix du réalisateur à s’orienter uniquement sur cette partie de la vie de Lennon, sans jamais devenir (encore) un autre film sur les Beatles.
Du côté des acteurs, John Lennon est joué très justement par Aaron Johnson (Kick-Ass, Chatroom) : on ressent bien le côté meneur de groupe du personnage, oubliant tous ses doutes et toutes ses craintes lorsqu’il entre sur scène avec son groupe. On retrouve aussi son côté bagarreur, qui ne se laisse pas faire ainsi que son insolence adolescente qui plus tard deviendrai un trait de personnalité exprimé par sa révolte contre les institutions promouvant la guerre dans le monde. Toutes ces facettes, ainsi que son côté mélancolique lorsqu’il s’agit de l’abandon de ses parents, donne une vraie dimension au personnage. Le reste du casting est très correct, malgré la ressemblance pas très évidente avec les personnes réelles telle que Paul McCartney, cependant, ce dernier est très bien interprété par Thomas Sangster : le côté crooner du personnage est très vrai, notamment lorsque l’on voit celui-ci faire chavirer les foules avec sa seule guitare.
Qui dit film sur une rock star, dit musique et toute le monde sait bien que la musique a sa part d’importance dans un film. Pour celui-ci, c’est encore plus vrai car la bande-son de Nowhere Boy est très riche. On peut entendre plusieurs chansons de grands musiciens, premières personnalités à surfer sur la vague rock’n’roll de l’époque, tels que Chuck Berry, Elvis Presley ou encore Bill Halley Hand His Comets. On remarquera qu’aucune chanson des Beatles n’est présente, seulement une de Lennon, mondialement connue : Mother. Celle-ci a tout à fait sa place dans ce film, à croire que ce dernier a été réalisé pour cette chanson tellement elle prend tout son sens ici.
Un film intéressant, oui. Un film pour les fans et même pour les autres, oui. Un hommage, oui. Nowhere Boy tient ses promesses lorsqu’il promet de faire découvrir l’enfance de John Lennon, que l’on comprend mieux désormais. Comme il le disait lui-même : « …understand the child inside the man ».
Nowhere Marvel Boy