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08
Avr
10

Transmetropolitan, ou l’art et la manière de l’ouvrir grande.

Sous ce titre mystérieux, préparez vous chers lecteurs car cette semaine, on va parler de comic-book mais pas de simples comics à la con comme on en a tendance à en voir fleurir sur les étagères de la Maison aux Idées. On va parler du label Vertigo, branche estampillée adulte de chez DC Comics et qui a toujours su offrir liberté artistique et grande distribution à des artistes prestigieux, leur donnant la possibilité d’accoucher de leurs rêves les plus fous sur papier. Et là, autant dire qu’on va s’attaquer au sommet du panier déjà fleurissant de titres plus fous et incroyables les uns que les autres. On va parler d’un monstre de subversion, faisant passer les dernières œuvres de Mark Millar (90 % même) pour de la revendication de super marché, Kick-Ass comprit.
Mesdames et messieurs, le chef d’œuvre absolu de Sir Warren Ellis et Darick Robertson : Transmetropolitan.

Transmetropolitan est un comic-book crée en 1997 et dont la parution dura 5 ans. Scénarisé par Warren Ellis et dessiné par Darick Robertson, la série fut souvent rapproché avec l’un des autres chefs d’œuvres du label Vertigo, Preacher (de Garth Ennis et Steve Dillon) ce que l’on comprend tout à fait quand on voit le goût partagé des auteurs pour la subversion intelligente. L’histoire est celle d’un ancien journaliste appelé Spider Jérusalem exilé et ramené à l’ordre à cause de contrats passés jadis, ce qui le pousse non seulement à revenir en ville mais aussi à reprendre sa fonction, dans une cité futuriste de plus en plus décadente et dans laquelle on trouve tous les vices en se promenant seulement dans la rue. Véritablement halluciné et enragé face à ce monde malade, Spider Jérusalem va au travers d’une rubrique de journal virulente s’opposer aux dirigeants de cette société en vrac et petit à petit désamorcer les travers de tout ce bordel en faisant éclater la seule, l’unique et grande vérité.

Transmetropolitan, c’est l’art et la manière d’ouvrir grand sa gueule et de vomir à la tronche du monde la haine qu’on lui porte tout en lui balançant aussi férocement ses 4 vérités. Car si Spider Jérusalem est un vrai salopard et n’hésite pas à traiter tout ce qui bouge et à accessoirement balancer quelques coups d’agitateurs d’intestins de temps à autres (dont on vous laisse deviner les effets dévastateurs, surtout quand celui ci est en mode prolapsus ou volcan intestinal…), le bougre met toujours le doigt là où ça fait mal et se révèle si féroce grâce à son don naturel à toujours dénoncer des problèmes de sociétés graves, voir scandaleux. Et si il faut admettre que l’on se marre devant cette montagne d’humour noir et de répliques toutes plus impitoyables les unes que les autres (tels que « Si ça ne tenait qu’à moi, vous serviriez tous d’éponges à sperme à des prostituées victoriennes à l’heure qu’il est. » et j’en passe…), la force phénoménale dans l’écriture de Warren Ellis tient du fait que celui ci tout comme son héros n’est pas méchant en vain et dénonce à sa manière des problèmes de notre monde actuel dont la Babylone détraquée dépeinte dans son œuvre n’est finalement que le reflet. Du coup, même si on se marre toujours en premier lieu (le génie comique du scénariste n’est plus à prouver, surtout après ça et Nextwave…), la réalité nous fait toujours redescendre sur terre et lorsque l’on comprend ce qu’il en est réellement, la claque est déjà lancée. Au dessin, Darick Robertson fait des merveilles et surcharge son univers crasseux et baisé pour mieux faire ressortir les problèmes évoqués tout en prenant soin de systématiquement mettre l’accent là où il faut et de se révéler aussi pertinent que son scénariste.
En clair, ça fait très mal.

Pour lire Transmetropolitan, vous pouvez choisir la solution VF et vous offrir les 6 Big Books sortis chez Panini Comics qui a eu la douloureuse idée après trois tomes biens garnis de ralentir sur le nombre de pages de moitié (!) et de finalement sortir 6 tomes là où 5 aurait suffit. La où ça fait mal, c’est que le prix ne baisse pas et reste donc à 29€ par tome, même si la ré-édition des 4 premiers avec un papier de bien meilleure qualité (et une cohérence visuelle sur les couvertures balancée par dessus bord…) tente de faire passer la pilule. Vu que le dernier tome vient de sortir, vous ne devriez pas avoir de problèmes pour les trouver. Sinon, il reste la solution VO et ses 10 TPB que vous trouverez chacun environ à 10 €, ce qui adouci sérieusement l’addition.
Dans les deux cas, vous ne devez passer à côté de ce chef d’œuvre absolu de subversion dont l’actualité, bientôt 10 ans après la fin de sa parution, glace toujours autant le sang que l’humour acerbe et corrosif vous tordra les boyaux. Parce que franchement, lire une telle oeuvre qui affiche fièrement un beau doigt d’honneur avec une fuck you attitude aussi assumée et appropriée, ça deviendrait presque salutaire aujourd’hui.
Comme disent les américains, Absolute Masterpiece.

Xidius, pas cher mais moins que ta petite amie.

16
Jan
10

Le Spirit, histoire d’une résurrection

Comme tout art qui se respecte, la bande dessinée (qui est le 9ème art pour les trois du fond qui ne suivent pas) commence à avoir sa propre histoire avec ses révolutions et changements majeurs. Pas étonnant donc que le comic book  après environ un siècle d’existence bien posé possède lui aussi ses auteurs ultra importants et des œuvres ayant marqués de leurs empruntes les esprits de nombreux lecteurs à travers le monde. Et autant dire que parmi les plus importantes, Le Spirit ne démérite pas sa réputation.

Personnage crée par Will Eisner en 1940, ce justicier célèbre, dont les premières parutions se firent sous forme de comic strips distribués durant les journaux pendant 12 ans, a marqué bon nombre de lecteurs et d’auteurs par ses nombreuses qualités de narration et de graphisme, notamment ses pages d’introduction dans lesquelles le titre était mis en scène dans le décor, donnant souvent lieu à des doubles pages sublimes. Ce qui étonna tout le monde lors des débuts de la première série, c’était l’incroyable facilité avec lequel l’auteur mélangeait les genres, donnant dans le policier, l’horreur, le burlesque, la comédie ou l’action tout en formant un tout à la cohérence parfaite.
Racontant l’histoire d’un ex policier appelé Danny Colt qui va mystérieusement revenir à la vie après s’être fait tué par balles, décidant alors de se servir de ses nouvelles capacités physiques pour répandre la justice la nuit, ce personnage toucha un large public plus adulte que la moyenne et prouva au monde entier le génie de son auteur, aujourd’hui considéré au même titre qu’Alan Moore (qui a par ailleurs déjà participé à des aventures du justicier) ou Frank Miller comme l’un des auteurs majeurs de bande dessinée américaine.
Un génie dont l’impact est encore sensible aujourd’hui, comme le montre le renouveau que le personnage a connu durant ces dernières années…

En 2006, l’auteur/dessinateur Darwyn Cooke (The New Frontier, Batman Ego…) se penche sur le gardien de Central City et lance une nouvelle série dont la première aventure, réalisée en collaboration avec Jeph Loeb, voit la rencontre entre le Spirit et la chauve souris la plus connue de la planète, j’ai nommé Batman ! Servie par le graphisme unique et délicieusement cartoon de Cooke, ce nouveau départ va faire parler de lui et la série reprendra de plus belle, la rencontre entre les 2 géants étant notamment récompensés par le Eisner Award du meilleur single/one-shot.
Et quand on lit la série, on comprend immédiatement pourquoi tant l’auteur livre un travail drôle et sympa à suivre, multipliant les histoires qui ne se suivent pas toujours mais qui sur un court laps de temps emmène le lecteur dans des aventures folles et à la narration souvent alambiquée et déconstruite, Cooke s’inspirant d’ailleurs du cinéma dans son travail. Début 2008, il a passé la main à une nouvelle équipe dans laquelle on peut voir au scénario Sergio Aragonés ou Mark Evanier, tandis que des hommes comme Eduardo Risso, Paul Smith ou Aluir Amancio sont au dessin. Revenant à une méthode plus classique et proche de l’auteur d’origine en retournant à de petits récits type Pulp avec de nombreux hommages au vieux films de série B, cette nouvelle série se révèle tout de même en deçà du travail de Cooke et met du temps à trouver son rythme de croisière même si on y trouve de bonnes choses, n’ayant cependant pas la fraîcheur et le punch des aventures de Darwyn Cooke. Cette nouvelle série est à lire chez Panini Comics qui a intégralement sorti le run du premier auteur et qui vient de démarrer la publication de la nouvelle équipe (voir couvertures au dessus), tandis que Soleil sort actuellement dans un luxueuse édition des intégrales des travaux de Will Eisner.

Dernière preuve du regain d’intérêt impressionnant qu’a connu le héros ces derniers temps, il s’agit bien évidemment du long métrage réalisé en 2008 par Frank Miller, auteur culte dont on ne compte plus les travaux mémorables (Sin City, Batman Year One, The Dark Knight Returns…) et qui par ailleurs était très proche de Will Eisner, un long entretien entre les deux ayant même fait l’objet d’un ouvrage. Le film, reprenant le style visuel de Sin City instauré au cinéma par Robert Rodriguez, s’est malheureusement révélé être une véritable catastrophe (souvenez vous), d’une lourdeur et d’un ennui sans nom. Un hommage complètement déplacé et foiré dans les grandes largeurs dont on se serait bien passé mais qui a quelque part permis lui aussi à accroitre la réputation du Spirit dernièrement, même si les spectateurs dégoutés ne doivent pas en rester à ce ratage, jamais représentatif de la qualité et de l’esprit du comic book.

Le Spirit donc, c’est un concentré d’aventures et de fun drôlement bien mené sur papier qui aura marqué son temps et qui, non content de renaitre de ses cendres au sein même de ses aventures, s’est permis une véritable résurrection depuis 5 ans, permettant aux néophytes de découvrir un héros très sympa à lire et dont on vous conseille chaudement les tomes de Darwyn Cooke. Et soyez sympa, oubliez vite le film! ;)

Xidius




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