Posts Tagged ‘Cinéma

31
Jan
12

Critique: La Taupe

Il y a de ces films qui donnent qu’un semi désir de les voir. La Taupe en fait surement parti. C’est donc avec seulement une semi envie que j’ai accepté de l’invitation de nos amis de chez Cloneweb pour aller voir ce film.

Réalisé par Tomas Alfredson. Avec Gary Oldman, Mark Strong, Colin Firth et Benedict Cumberbatch. En salles le 8 février 2012.
1973. La guerre froide empoisonne toujours les relations internationales. Les services secrets britanniques sont, comme ceux des autres pays, en alerte maximum. Suite à une mission ratée en Hongrie, le patron du MI6 se retrouve sur la touche avec son fidèle lieutenant, George Smiley.
Pourtant, Smiley est bientôt secrètement réengagé sur l’injonction du gouvernement, qui craint que le service n’ait été infiltré par un agent double soviétique. Epaulé par le jeune agent Peter Guillam, Smiley tente de débusquer la taupe, mais il est bientôt rattrapé par ses anciens liens avec un redoutable espion russe, Karla. Alors que l’identité de la taupe reste une énigme, Ricki Tarr, un agent de terrain en mission d’infiltration en Turquie, tombe amoureux d’une femme mariée, Irina, qui prétend posséder des informations cruciales. Parallèlement, Smiley apprend que son ancien chef a réduit la liste des suspects à cinq noms : l’ambitieux Percy Alleline, Bill Haydon, le charmeur, Roy Bland, qui jusqu’ici, a toujours fait preuve de loyauté, le très zélé Toby Esterhase… et Smiley lui-même.
Dans un climat de suspicion, de manipulation et de chasse à l’homme, tous se retrouvent à jouer un jeu dangereux qui peut leur coûter la vie et précipiter le monde dans le chaos. Les réponses se cachent au-delà des limites de chacun…

Sorte d’enquête dont la but est en réalité de démasquer l’infiltré russe au sein des services secrets anglais, La Taupe présente un certain potentiel. En effet, de premier abord, il promet suspense, doutes, et complexité. Malheureusement, peut-être trop complexe, le film lasse vite, et le spectateur, perdu dans un nombre de détails souvent faussement nécessaires, s’embourbe complètement, sans forcement avoir envie de finalement s’en sortir.

Jolie pièce de mise en scène, La Taupe propose malgré tout une imagerie très stylisée et une lumière presque impeccable. Le casting fait lui aussi un sans faute, nous proposant notre Sherlock préféré, Benedict Cumberbatch, en enquêteur débutant. Sa prestation ici confirme une fois de plus qu’un belle carrière s’annonce pour lui, et ce, espérons le, au cinéma. Cependant, le reste du casting, c’est à dire une belle brochette d’acteurs connus et reconnus (de Colin Firth à Gary Oldman en passant par Tom Hardy ou encore John Hurt), n’est pas foncièrement mis en avant. Surement parce que le scénario nous lasse tellement qu’il ne nous permet pas, ou du moins ne nous donne nullement l’envie, de chercher à creuser un peu plus qui sont les différents hommes qui prennent place au milieu de l’investigation. Parce que oui, le grand soucis que pose ce film est qu’avec son scénario digne d’un encyclopédie, on se retrouve face a un film sans la moindre action, et donc d’un plat affolant.

Enfin, je ne sais pas si l’équipe de Cloneweb et moi sommes stupides, mais il faut avouer qu’à la sortie, les indices ayant amenés à determiner qui était la fameuse Taupe m’ont paru très flous, et assez décousus. Peut-être mon manque d’attention face à l’ennui m’a t-il encore joué des tours, ou alors après avoir passé trois heures à nous peindre un tableau complexe, les scénaristes se disent que plus personne n’y comprendra assez pour voir que leur conclusion ne sort plus de nulle part.

Pour finir, je pense que vous l’aurez compris, malgré beaucoup de bonnes choses, La Taupe est un film assez difficile a ingérer. A vouloir jouer sur un scénario trop solide, on finit par légèrement s’y casser les dents. Assez dommage, donc.

Karine La Taupe

26
Jan
12

Critique: Cheval de Guerre

Pour commencer, je l’avoue, je ne suis pas une grande fervente de Steven Spielberg. Effectivement, il a su bercer mon enfance de doux rêves à base de dinosaures et d’archéologues, le fait est que je n’ai jamais pour autant vénéré le monsieur. J’avais malgré tout une certaine envie de voir War Horse. Je pensais que Spielberg allait nous montrer qu’il était un grand réalisateur. Que dans une époque ou le cinéma est fait de finesse et d’émotions, il saurait peindre avec élégance et distinction cette histoire liant un jeune homme à un cheval. Et le réalisateur qui m’avait tant convaincue enfant, n’a encore une fois pas su convaincre la jeune adulte que je suis.

Réalisé par Steven Spielberg. Avec Jeremy Irvine, Tom Hiddleston, Niels Arestrup et Benedict Cumberbatch. En salles le 22 février 2012.
De la magnifique campagne anglaise aux contrées d’une Europe plongée en pleine Première Guerre Mondiale, « Cheval de guerre » raconte l’amitié exceptionnelle qui unit un jeune homme, Albert, et le cheval qu’il a dressé, Joey. Séparés aux premières heures du conflit, l’histoire suit l’extraordinaire périple du cheval alors que de son côté Albert va tout faire pour le retrouver. Joey, animal hors du commun, va changer la vie de tous ceux dont il croisera la route : soldats de la cavalerie britannique, combattants allemands, et même un fermier français et sa petite-fille…

Tout commence donc avec la rencontre entre un jeune homme, Albert, et un cheval extraordinaire que ce dernier nommera Joey.  Ensemble, ils surpassent leurs capacités, ils ne deviennent qu’un, en quelque sorte. Le jeune homme consacre tout son temps à ce cheval à la volonté de fer, et lui fait acquérir un courage, une intelligence et une volonté de vaincre hors norme. C’est ainsi que même séparés par une guerre violente et sans merci, les deux personnages, car c’est effectivement bien ce qu’est Joey, font preuve d’une foi à toute épreuve. Une foi en l’humanité, une foi en l’amitié, une foi ultime en la bonté universelle.

Maintenant, si il y a bien un aspect qui marche dans ce War Horse, c’est l’aspect émotionnel. Steven Spielberg a sans nul doute un véritable don pour faire ressentir au plus froid des spectateurs des sentiments profonds et sincères. Ici, utilisant un cheval comme figure forte de son récit, et n’ayant ni recours à la pensée du cheval comme dans le livre duquel l’histoire est adaptée, ni à la capacité d’expression des marionnettes de sa version théâtre, Steven Spielberg réussit par une infime maitrise de son découpage à nous faire ressentir ce que Joey ressent, à nous faire vivre ce qu’il vit. Si on doit se reconnaître dans un personnage de ce film, c’est dans ce dernier, et non dans des personnages humains. On rêve d’avoir la force, la passion et le courage de cet animal. Quel incroyable exercice que de placer un animal si peu expressif habituellement sans le moindre artifice au premier plan d’un tel projet, et ce en traitant d’une telle époque !

Malgré tout, comme je vous l’ai dit plus haut, Spielberg n’a pas su me convaincre totalement. Alors oui, il a réussi a faire battre mon cœur, ce qui n’est pas une mince affaire, mais il a aussi réussi à me faire facepalmer à plusieurs reprises. Le mot qui m’est revenu en tête a plusieurs reprises durant le film a été « grossier ». Alors oui, pourquoi grossier ? Parce que malgré un casting à tomber et une qualité émotionnelle pas loin de la perfection, Steven Spielberg ne réussit pas a sortir de ses habitudes de réalisateur très grand publique, et sert une mise en scène et une narration à coup de pâtés. Certains plans sont perturbants, tant leur simplicité nous tombe dessus comme une enclume. Certains, quant à eux, et je parle ici même parfois de séquences complètes, se retrouvent avec des artifices superflus, sois disant hommage, mais malgré tout très désagréables et malvenus. Entre autre, ayant maintenant pris l’habitude de faire des films familiaux, Spielberg a, je le pense, oublié qu’il s’adressait ici à un publique plus mature, ayant la capacité de comprendre une image sans qu’on la lui pré mâche avant ingurgitation.

Quid de la musique, me direz-vous ! John Williams, ami et compositeur fidèle du Grand Monsieur, a t-il su capter et relever au poil le film ? Et si je vous dis que le mot facile me vient à l’esprit quand je pense à la bande originale du film, m’en voudrez vous ? On m’a dit un jour que la musique d’un film était bonne si on ne l’entendait pas. On voulait me dire par là que la musique est bonne si elle sait se fondre parfaitement avec les images, et qu’elle ne prend pas plus de place que nécessaire. Elle doit se contenter d’être là, de remplir sa fonction, mais ne doit pas prendre le pas sur les images ou les dialogues,. Après, peut-être ai-je tort. Mais dans War Horse, il m’est arrivé à plusieurs reprises de ne plus entendre que la musique, que je trouvais alors étrangement calée vis a vis des scènes défilants à l’écran. S’arrêter dans le déroulement de l’histoire, et sortir en quelque sorte de l’intrigue du film parce que la musique ne peut s’empêcher de prendre trop de place, personnellement, je ne pardonne que très peu.

Pour conclure, War Horse n’est en soit pas un mauvais film, loin de là. Malgré tout, il ne peut pas, je pense, satisfaire pleinement une personne qui aime véritablement le cinéma. Tout y est trop facile, trop réchauffé, trop pré mâché pour que l’on puisse se laisser pleinement prendre par le fil du récit. On se laisse avoir par nos sentiments pour apprécier de toutes façons ce film, mais dans un coin de notre tête, on se demande tout de même pourquoi Steven Spielberg est encore considéré comme un Dieu vivant, alors que son travail n’est plus aujourd’hui à la hauteur des attentes qu’il nous a donné l’habitude d’avoir.
Tout ça pour dire, si vous aimez les chevaux, allez voir ce film. Et si vous n’aimez pas les chevaux, allez le voir quand même, Joey vit pas toujours des choses cools, vous pourrez prendre un plaisir malsain à le voir souffrir. Dans tous les cas, bonne séance.

Karine de Guerre.

20
Jan
12

Critique: Café de Flore

J’ai toujours eu tendance à avoir un a priori sur les films français. Trop lents, trop plats… J’y vais généralement à reculons. Café de Flore est une exception, puisque l’actrice principale n’est autre que Vanessa Paradis, qui est certainement la seule actrice française que j’apprécie. J’avais donc envie de voir ce film, même si le pitch ne m’avait pas convaincue.

Il n’est pas facile de dire adieu à ceux qu’on aime ; pour y parvenir, il faut parfois toute une vie – ou deux. Entre le Paris des années 1960 et le Montréal d’aujourd’hui se déploie une vaste histoire d’amour à la fois sombre et lumineuse, troublante et malgré tout pleine d’espoir. Café de Flore raconte les destins croisés de Jacqueline une jeune parisienne mère d’un enfant unique, d’Antoine un DJ montréalais ainsi que des femmes qui l’entourent. Ce qui les relie : l’amour, troublant, maladroit, imparfait et inachevé… humain.

L’histoire se déroule à moitié dans le Paris des années 60 ainsi que dans le Montréal de nos jours. Le synopsis est confus, et la première demi heure du film l’est tout autant. Les scènes jonglent entre les époques, les personnages se ressemblent, bref, difficile de s’y retrouver. Pourtant, c’est ce joyeux mélange qui donne toute sa saveur au film. Le réalisateur a réussi la prouesse de fondre les époques de façons à mettre en avant leurs similitudes tout en marquant leurs différences. Bon, dit comme ça, ce n’est pas très clair, mais vous comprendrez mieux en voyant le film.

Le véritable point fort de Café de Flore, c’est l’équilibre parfait entre les contrastes. L’ombre et la lumière, l’espoir et le dépit, le passé et le présent, la santé et la maladie, l’amour et la haine… Autant de sentiments et de sujets traités sous tous les angles avec brio. La performance des acteurs est également à saluer. Travailler avec des enfants trisomiques, simuler le somnambulisme ou encore une terreur extrême… Autant de prouesses qu’on ne retrouve que rarement dans le cinéma français. A voir sans contre-indication.

Café de Loun

12
Jan
12

Plays Everywhere: Et si je regardais un film sur mon mobile ?

Regarder des films, ce n’est pas nouveau, j’aime ça. Sauf que je n’ai pas toujours un lecteur dvd/bluray ou à défaut un ordinateur sous la main. Tandis que mon mobile, il est toujours dans ma poche (à condition bien sûr d’avoir de la batterie bien sûr). Alors quand on m’a parlé de l’application Plays Everywhere, je me suis dit « Pourquoi pas » ?

Première bonne surprise : je peux transférer les DVD et Blurays que je possède directement sur mon téléphone portable à deux conditions : qu’ils appartiennent au catalogue de la 20th Century Fox (ça va, le choix est large), et de transférer la copie digitale directement de mon ordinateur sur mon téléphone portable grâce au site : http://www.foxdigitalcopy.com. Une fois cette petite formalité faite, je n’ai plus qu’à choisir le film dans ma bibliothèque via l’appli, et à m’installer confortablement.

Deuxième bonne surprise : la qualité est plutôt bonne ! Vu le mini-écran de mon téléphone, je m’attendais à devoir froncer les yeux pour voir correctement les images, et pourtant, même après le visionnage de La Planète des Singes, je n’ai mal ni aux yeux ni à la tête.

Un (tout petit) bémol cependant : la « technicité » du transfert de vidéos. Quand j’ai téléchargé l’appli, je n’ai pas regardé le fonctionnement plus en détail, et j’ai donc passé une dizaine de minutes à comprendre COMMENT j’allais retrouver mon film. Puis j’ai ravalé mon estime et je suis allée voir la notice (oui oui, je sais, Read the Fucking Manual…) pour comprendre. J’aurais préféré que l’application soit un peu plus intuitive !

Dans l’ensemble cependant, je suis très satisfaite. Un bon moyen de regarder des films dans le métro ou à la salle de sport sans avoir à me trimballer mon ordinateur !

23
Déc
11

Karine Vanasse, l’incontournable inconnue

Il y a quelques mois encore, elle était inconnue en France. Actrice originaire du Québec, ou elle tourne depuis l’âge de 11 ans,   Karine Vanasse s’est faite remarquer par les téléspectateurs français grâce à son rôle d’hôtesse de l’air des années 60 dans la série Pan Am. Itinéraire d’une actrice qui en veut.

Karine Vanasse… Le nom vous dit quelque chose, vous ne parvenez pas à mettre le doigt dessus et pourtant : il s’agit d’une des plus prometteuses actrices de l’année 2011. A l’affiche de Midnight in Paris et de Switch cet été, elle est également la star de Pan Am, la série qui retraces l’âge d’or de la compagnie aérienne Pan American World Airways, dans les années 60. Elle incarne le personnage de Colette, une hôtesse de l’air d’origine française, qui a du fuir son pays sous l’occupation nazie. Un rôle qui convient parfaitement à l’actrice francophone : un personnage subtil et nuancé, qui dévoile ses multiples facettes au fil des épisodes. Tout à tour mutine, drôle ou émouvante, elle représente le charme et la beauté simple à la française, en opposition à la beauté glamour mais contrefaite à l’américaine.

La jeune actrice s’est faite connaître… Grâce à un concours de playback ! Dès l’âge de 11 ans, elle enchaine les rôles à la télévision, avant de faire ses premiers pas à la télévision en 1999, dans le film de Léa Pool, Emporte Moi. Un rôle magistral pour Karine Varnasse, qui remporte  plusieurs prix et nominations. Chacune de ses apparitions est saluée par les critiques, et la jeune femme prend rapidement du gallon. En 2006, elle fait partie des 101 femmes influentes du Québec selon le magazine Entreprendre, mais elle reste encore peu voire pas connue en France.

Les Français n’ont vraiment découvert Karine Vanasse qu’en 2011, certains grâce à son rôle dans la série Pan Am, d’autres grâce au film Switch, dans lequel elle incarne Sophie Malaterre, une illustratrice de mode qui échange son appartement contre celui d’un inconnu le temps des vacances. Mais pour Karine Vanasse, pas question de se contenter de rester devant la caméra : elle veut également avoir l’occasion de travailler derrière. En 2003, elle endosse la casquette de co-réalisatrice avec Denis Villeneuve pour le film Polytechnique, qui retrace le massacre dont l’école a été le théâtre en décembre 1989 à Montréal. Un projet qui lui tient à cœur et auquel elle se consacre durant cinq années avant que le film ne soit enfin terminé en 2008.

Aujourd’hui, Karine Vanasse semble en bonne voie pour devenir une actrice incontournable. Bien que l’on ignore encore si l’avion Pan Am prendra son envol pour une deuxième saison, l’avenir de la jeune femme semble assuré dans le monde du 7ème art.

15
Déc
11

Noé T1 – Pour la Cruauté des Hommes

Il y a des projets dont on entends parlé depuis des années, et qui ne se sont jamais fait ou ne se feront jamais. Parmi, on pensait y trouver Noé, fable inspiré du personnage biblique écrite par Aronofsky, projet qui date et qui n’a, pendant longtemps, pas trouvé de financement. Le réalisateur de Requiem For a Dream avait alors en projet de faire d’une BD son histoire. C’est maintenant chose faite avec la sortie du premier tome, Pour la Cruauté des Hommes, chez Le Lombard, écrit à 4 mais par Aronofsky avec Ari Handel et dessiné par Niko Henrichon.

Cet homme s’appelle Noé. Loin de l’image de patriarche que l’on accole au personnage de la Bible, il ressemble plutôt à un guerrier. On dirait un Mad Max sorti du fond des âges. dans le monde de Noé, la pitié n’a pas sa place. Avec sa femme et ses trois enfants, il vit sur une terre aride et hostile, en proie à la grande sécheresse. Un univers marqué par la violence et la barbarie, livré à la sauvagerie des clans qui puisent leur raison de survivre dans la guerre et la cruauté.Mais, Noé n’est pas comme les autres. C’est un combattant et c’est aussi un guérisseur. Il est sujet à des visions qui lui annoncent la fin prochaine de la terre, engloutie par les flots d’un déluge sans fin. Noé doit prévenir ses semblables. Si l’homme veut survivre, il lui faut mettre un terme aux souffrances infligées à la planète et « traiter le monde avec miséricorde ». Cependant, personne ne l’écoute. Le tyran Akkad, auquel Noé est allé rendre visite dans la cité de Bal-llim, l’a chassé et condamné à la fuite. Après avoir consulté son grand-père Mathusalem, Noé décide alors de rallier à sa cause les terribles Géants et d’accomplir la tâche que le Créateur lui a confiée.

Noé, personnage biblique bien connu, fascine le réalisateur Darren Aronofsky depuis bien longtemps. Dans sa vision du personnage et du mythe, Aronofsky ainsi que son compère Ari Handel lui enlève sa dimension moralisatrice et religieuse, tout du moins dans l’aspect de dimension divine ou d’un quelconque message ou leçon de la part de religieux. Cette décision a deux but précis, d’une part éviter une inutile et stupide polémique idéologique et de l’autre, faire de l’histoire de Noé un réel conte désenchanté. Le scénario va dans ce sens là, avec une caractérisation des personnages en grandes figures classiques avec une construction narrative propre à la quête. Mais classique n’étant pas synonyme de déjà vu, ou répétitif, les deux scénaristes de tous les films d’Aronofsky brillent par leur écriture à la fois simple, efficace et fluide. Ce T1 est ni plus ni moins qu’une introduction, une exposition visant à poser les bases d’un univers et d’une histoire et ses enjeux. Et en cela, cet ouvrage est excellent car introduit un univers désenchanté, malheureux, sombre avec des personnages charismatiques et une mythologie d’or et déjà intéressante. La facilité à créer cet univers cohérent est déconcertante tant tout parait évident sans pour autant s’emmerder. Un scénario ambitieux et prometteur d’une grande épopée qui pourrait donner un film assez grandiose. Mais c’est une BD. Et la narration et la «réalisation» n’est pas entre les mains d’Aronofsky mais celui du dessinateur.

Mais cela n’empêche en rien à ce premier tome de cette tétralogie d’être excellent, même du point de vue graphique ! Le dessinateur, Niko Henrichon, instigateur du projet chez Le Lombard ayant déjà travailler chez eux avec Brian K. Vaughan, signe ici des planches en cohérence parfaite avec le scénario. De grandes cases permettant de dépeindre un monde malade, en pleine sécheresse, des couleurs chaudes appuyant cette ambiance pour mieux la faire ressortir avec les scènes de rêve de Noé, une démesure dans la peinture de l’univers et de certain personnage… La volonté de faire de l’histoire de Noé une fable épique se retrouve autant dans les planches que dans le scénario. D’autant que le dessinateur a eu une totale liberté dans la mise en scène du scénario. Ainsi, les craintes que l’on pouvait avoir de ne pas retrouver le génie d’Arnofsky qui se trouve la plus part de temps dans sa mise en scène disparaissent pour montrer que l’homme est aussi talentueux en tant que scénariste.

Noé T1: Pour la Cruauté des Hommes est un excellent tome introductif à ce récit épique et mythologique. Aronfsky et Ari Handel avait déjà fait un pas dans le 9ème Art avec la BD The Fountain. Les scénaristes y mettent maintenant les deux pieds avec une oeuvre originale (malgré une adaptation toujours prévue et qui, du coup, sera bien différente de la BD, des propres mots du réal), s’annoncant grandiose et prometteur grâce à ce mélange entre scénario limpide et complexe dans son écriture et des dessins grandiloquent et magnifiques. Une réussite qui crée une attente du prochain tome (2012, le rythme de publication est prévu d’un par an) et de, peut-être un film.

L’arche de Bigor




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