Stefan Zweig, auteur autrichien de renom du 20ème siècle écrit en 1942 une petite nouvelle, sans prétention aux yeux de cet auteur assez immense, il faut le dire (je vous renvois à ces oeuvres les plus célèbres : Anko, vingt-quatre heures de la vie d’une femme…)
Cette nouvelle se trouve être Le Joueur d’Échecs. Ce sera la dernière oeuvre d’un auteur désepéré, qui, persuadé de la victoire définitive du régime nazi, préfèra mettre fin à ces jours…
Comment un simple inconnu, tellement inconnu qu’on l’appelle M.B, parvient t’il à se jouer du champion du monde des échecs, Mirko Czentovic, homme glacial et arrogant, alors qu’il dit ne plus avoir jouer à ce jeu depuis vingt ans?
Le narrateur, simple observateur des événements, tente de le découvrir. Ce qu’il apprendra est terrifiant. M.B, prisonnier de la Gestapo, ne sera pas envoyé dans un camp de concentration car il possède des informations importantes pour le régime nazi. Une autre méthode d’enfermement, éprouvante psychologiquement, sera mise en place autour de lui. Dans une chambre d’hôtel vide, il n’aura que le néant pour lui tenir compagnie, rien qui puisse lui permettre d’accrocher sa pensée. Le vide, autour de lui, l’oppresse. Son lit, sa chaise, et rien d’autre qui puisse l’aider à s’accrocher à du concret. Oui, M.B raconte au narrateur qu’à cette époque, il a bien failli devenir fou, jusqu’à ce qu’il trouve, dans la poche de manteau d’un officier un petit livre, qu’il dérobe et embarque dans sa chambre, un petit livre sur les échecs. Il y consacre tout son temps, ayant enfin une occupation.
Mais cele l’aidera-t’il vraiment, ou bien les échecs auront sur lui une emprise comparable à une drogue?
Le récit de Zweig est troublant. Il explore les limites inconnues de la folie et de l’inhumanité. Que fait l’homme face au vide, à l’absence de possibilité de penser? Ne serait-il pas fait pour penser, justement? Lui retirer ce privilège, n’est-ce pas le priver de son essence?
Complètement encré dans la période historique au moment où Zweig écrit cette nouvelle, Le Joueur d’Echecs est un cri poussé contre les nazis, mais un cri de désespoir…
Oceanlook.
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