Il y a des films qui marquent. Carnets de voyage, film réalisé par Walter Salles en est un. Car avant que Steven Soderbergh envahisse les salles obscures avec ses deux films sur le Che, le personnage d’Ernesto Guevara avait été étudié sur le grand écran, et précisemment par ce film.
Esthétiquement, le film est magnifique car il explore les paysages reculés de l’Amérique du Sud, de l’Argentine sauvage au Pérou majestueux, en passant par le relief accidenté et splendide du Chili. L’image qui en ressort nous émerveille durant deux heures, au point que l’envie de se payer un billet d’avion pour Santiago titille sérieusement le spectateur.
Mais l’histoire racontée est d’autant plus singulière et intéressante qu’elle traite la partie de la vie d’Ernesto Guevara avant que celui-ci ne devienne le révolutionnaire connu de tous. Gabriel Garcia Bernal, qui incarne le Che en devenir, ne lui ressemble pas physiquement mais sa prestation dans le film est superbe, jouant un être qui prend conscience de l’injustice du monde qui l’entoure, un être dicret, franc et fascinant. Tout le contraire d’Alberto Granado, blagueur et farceur devant l’éternel, avec qui il voyage sur une moto dans les routes interminables de l’Amérique du Sud. Ils forment un amusant duo plein de contrastes, mais témoignant une franche amitié, que le Che toujours respectera.
Ce voyage ressemble à une aventure initiatique pour le tout jeune Ernesto. Il en ressortira considérablement changé, transformé par les injustices qu’il croisera sur son chemin. Les péruviens parlant le quechua privés de leurs terres au profit de propriétaires sans vergognes, les mineurs choisis au hasard et qui trvaillent dans des conditions lamantables ou encore les lépreux, mis à l’écard des « bien portants » dans un hôpital spécialisé bouleverseront la façon de penser du Che. Sur ces carnets, il écrit ses impressions, et se livre. Déjà l’idée d’une lutte armée germe dans sa tête. Déjà il combat les inégalités, notament celles mises en place par la religion. Durant le voyage, on assiste à la naissance d’un idéal, à la naissance d’un homme. Ernesto Guevara, simple aspirant en médecine, achève son voyage avec dans les yeux la lueur de la détermination qui feront de lui le révolutionnaire connu de tous, le Che…
(Cette moto fut à l’origine du voyage initiatique du Che)
Oceanlook.