Cassius Marcellus Clay, mieux connu sous le nom de Muhammad Ali, est né le 17 janvier 1942 à Louisville, dans l’Etat du Kentucky. Ce nom qu’il porte n’a rien d’anodin, il s’agit en fait de celui d’un général abolitioniste, qui affranchit au début du XIXème siècle ses milliers d’esclaves.
(Louisville)
Entrainé par Joe Martin, un simple policier, le jeune garçon est déjà surdoué en sport, et ses performances sont remarquables. Déjà, on l’annonce comme la futur célébrité et fierté de son école.
En 1960, il obtient à Rome le titre olympique dans la catégorie des mi-lourds. C’est à ce moment là qu’il devient véritablement un boxeur professionnel. Il faut savoir qu’aux Etats-Unis, les boxeurs participant aux JO ne sont jamais de vrais pros. C’est justement un moyen pour eux de le devenir, et de se faire connaitre dans ce milieu assez fermé.
(Clay aux Jeux Olympiques de Rome en 1960)
Une carrière entre ombre et lumière
Dès ses débuts, Cassius Clay étonne, par son sens du défi et son goût pour la provocation envers ses adversaires. Il gardera par ailleurs cette ligne de conduite tout au long de sa vie. De 1960 à 1963, Clay enchaine les combats professionnels en s’imposant partout sur son passage. Il fait même une exhibition contre un ancien champion du monde, Ingemar Johanson. S’il combat la plupart du temps autour de son fief de Louisville, il se fait connaitre dans le pays à partir de 1962 en participant à des réunions à Los Angeles et New York.
En battant Archie Moore par KO à la quatrième reprise, exactement comme il l’avait publiquement prédi avant la rencontre, il fait très forte impression. Il peut désormais voir clairement devant lui la route vers le titre mondial. Cette route reste pourtant semée d’embûches. Car pour la première fois de sa carrière, il est envoyé au tapis par Henry Cooper, et se blesse durant le match.
C’est désormais contre le grand boxeur de l’époque Sonny Liston que Cassius Clay doit se battre, et avec 19 combats seulement à son actif, il n’est clairement pas le favori.
Grâce à son incroyable vivacité, son jeu de jambes exceptionnel, Clay épuise Liston, gros puncher qui ne trouve pas de solutions face à un adversaire aussi rapide. Epuisé, blessé, il abandonne avant la septième reprise. C’est ainsi que le 25 fevrier 1964, Cassius remporte son premier titre de champion du monde.
(Clay assomme Liston, pour l’une des plus belles photo de sport)
La particularité d’Ali tout au long de sa carrière était que, pour un poids lourd, il était très véloce, très mobile, ce qui dérengeait énormément ses adversaires, plus lents…
Clay conserve son titre l’année suivante face à ce même adversaire, au cours d’un match polémique que l’on soupçonne d’avoir été truqué, selon les dires des journalistes de l’époque. De 1964 à 1967, Cassius Clay, ou désormais « Muhammad Ali », domine outrageusement sa catégorie, en unifiant les ceintures WBA et WBC, étant donné que dans le système des compétitions de boxe, il y a plusieurs fédérations et donc plusieurs titres.
Cependant, les positions prises par Ali hors du ring énervent la fédération WBA qui lui retire son titre, en raison du fameux match contre Liston qui aurait été truqué. Il conserve néanmoins sa ceinture WBC et regagne la WBA en 1967 à Houston contre Ernie Terrell, dans un combat de réunification.
(Ali frappe Terrell et regagne sa ceinture WBA)
Les contentieux entre Ali et le pouvoir en place, au sujet de la guerre de Vietnam sont un obstacle à la carrière du champion. Condamné, il perd sa licence et son titre par la même occasion. Du haut de l’affiche, Ali est retombé au plus bas.
En 1970, il est blanchi par la cour suprême des Etats-Unis, et récupère sa licence… Sans son titre. Il n’aura alors de cesse de vouloir le récupérer, contre le nouveau champion, Joe Frazier. Il fait quelques combats, où ses adversaires sont balayés, et le 8 mars 1971, au Madison Square Garden, il se prépare à affronter son rival, combat que les médias qualifient déjà de « combat du siècle ».
Au bout de 15 reprises, et après être allé une fois au tapis, Ali subit la première et la plus grande défaite de sa carrière. Peut-être un peu trop sûr de lui, jamais il ne trouva la solution contre un Frazier puissant et fort.
La route vers le titre de champion est désormais beaucoup plus longue pour Ali, surtout qu’il doit compter sur un autre rival: George Foreman, qui est le nouveau champion du monde, en écrasant Frazier à Kingston.
Ali, moins médiatisé, fait son chemin en silence, et prend sa revanche sur Frazier, début 1974. Il ne lui reste que Foreman sur son chemin, pour esperer retrouver son titre perdu il y a déjà des années.
Le combat est plus que symbolique. Organisé par Don King, immense promoteur de combats, il a lieu à Kinshasa, au Zaïre, et est financé par le dictateur en place, Mobutu Sese Seko. Pourtant pas favori, Ali clame à qui veut l’entendre sa victoire et étudie le style de Foreman. Sous les acclamations des habitants, Ali entraine son endurance dans les ruelles pauvres de la capitale, fait relaté dans le film de Michael Mann sur le champion.
Au cours du match, le plus célèbre de l’histoire de la boxe, Ali se met au coin du ring et encaisse sans broncher les puissants coups de Foreman, qui s’épuise à frapper dans la garde imperméable de l’ancien champion du monde. Mais à la huitième reprise, il sort de son inertie et voit un brèche dans la défense de son rival. Il s’y engouffre et frappe à plusieurs reprises Foreman, qui s’écroule et qui se relèvera trop tard. Véritable star à Kinshasa, Muhummad Ali a réussi l’un des plus grands exploits de l’histoire du sport, et ce grâce à une tactique géniale…
La suite de sa carrière reste le moins interessant. En effet, en déclin progressif, les performances du champion, qui perd puis regagne encore un fois son titre mondial, sont de plus en plus mitigées. Il prend sa retraite définitive en 1981, après une défaite, passée dans le désintéret le plus total de la part de la presse, qui ne s’interesse plus à Ali.
Ceci dit, son duel contre Frazier tournera définitivement à son avantage lorsqu’à Manille, en 1975, il remporte la « belle » aux points dans un chaleur épouvantable.
Au delà du ring
Le personnage de Cassius Clay puis Muhammad Ali, son histoire personnelle, sont au moins aussi intéressants que sa propre carrière.
En effet, il est connu par son combat en faveur des droits civiques des Noirs, apparaissant souvent aux côtés de Malcolm X. Il ne nie pas ses origines musulmanes, et rejoint la « Nation de l’Islam », organisation politique et religieuse aux Etats-Unis. A cette occasion, et pour affirmer ses origines, il est rebaptisé Muhammad Ali, ce qui par ailleurs l’éloignera de son mentor Malcolm X, dont il avait par hommage choisi un nom ressemblant: Cassius X.
L’épisode la guerre du Vietman reflète bien la personnalité du boxeur. Il refuse en effet en 1966 de s’engager dans l’armée, clamant ne rien avoir contre le Viet-cong, affirmant qu’ « aucun Vietnamien ne m’a jamais traité de nègre ». Cette lui vaudra une condamnation à 5 ans de prison, dont il fera appel. Il sera par la suite innocenté en 1971 par la Cour de Justice américaine.
Ces faits, très éloignés de la façon de penser des étasuniens de l’époque font d’Ali un personnage très contrasté. Sa lutte contre la ségrégation raciale lui apportera une franche hostilité de la part de l’opinion publique dans le pays.
Un boxeur hors-normes.
Unique pour un poids-lourd, Ali était particlulièrement rapide et agile. Il fonda par ailleurs son style sur ces caractèristiques. Dans ses matchs de légende, contre Liston, Foreman ou Frazier, son sens tactique lui fut très précieux. Il avait le sens de la provocation, donnant des surnoms grotesques à ses rivaux, se moquant des journalistes…
Dans sa jeunesse, il écrivait des poèmes sur ses adversaires en prédisant à quelle reprise il allait les mettre KO. Toujours il disait: « Je suis le plus grand ».
Un film a adapté sa vie sur grand écran, intitulé tout simplement « Ali », de Michael Mann, avec un Will Smith transfiguré dans le rôle titre.
Bande annonce:
Pub adidas avec des images d’Ali et de sa fille:
Oceanlook.